Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.b.14

Le Comité

  1. Prend note que l’Albanie, Andorre, l’Autriche, la Croatie, la France, la Grèce, l’Italie, le Luxembourg, la Roumanie et l’Espagne ont proposé la candidature de la Transhumance, déplacement saisonnier de troupeaux (n  01964) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La transhumance est un déplacement saisonnier de personnes et de leur bétail entre plusieurs régions géographiques ou climatiques. Chaque année, au printemps et à l’automne, des gardiens de troupeaux, hommes et femmes, organisent le déplacement de milliers d’animaux le long de sentiers pastoraux traditionnels. Ils conduisent les troupeaux à pied ou à cheval avec leurs chiens et, parfois, en compagnie de leurs familles. Pratique ancestrale, la transhumance découle d’une connaissance approfondie de l’environnement et implique des pratiques sociales et des rituels relatifs aux soins, à l’élevage et au dressage des animaux ainsi qu’à la gestion des ressources naturelles. Tout un système socioéconomique s’est développé autour de la transhumance, de la gastronomie à l’artisanat local en passant par les festivités marquant le début et la fin d’une saison. Les familles pratiquent et transmettent la transhumance depuis des générations en l’observant et en y participant. Les communautés qui vivent le long des itinéraires de transhumance jouent également un rôle important dans sa transmission, notamment en célébrant les passages des troupeaux et en organisant des fêtes. La pratique est également transmise dans des ateliers organisés par les communautés locales, les associations et les réseaux de gardiens et d’éleveurs, ainsi que dans des universités et des instituts de recherche. La transhumance contribue ainsi à l’inclusion sociale, au renforcement de l’identité culturelle et des liens entre les familles, les communautés et les territoires, tout en contrant les effets de l’exode rural.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  La transhumance allie tradition et innovation, a un impact bénéfique sur les écosystèmes, préserve les races locales et améliore la fertilité des sols et la biodiversité. Cette pratique englobe un système socio-économique incluant la gastronomie, l’artisanat et les activités culturelles. Les rôles spécifiques des praticiens, hommes et femmes, pour organiser et guider les mouvements du bétail, en favorisant la transmission intergénérationnelle au sein des familles, sont soigneusement décrits. La transmission se fait principalement par l’observation et l’imitation. Les formations non formelles, les ateliers et les établissements d’enseignement formel contribuent également à la transmission des connaissances, tandis que les festivals et les manifestations culturelles jouent un rôle important dans la préservation et la promotion de l’élément. Le dossier explique les différentes fonctions sociales et significations culturelles de l’élément, qui comprennent le renforcement de l’identité culturelle et des liens spirituels avec les ancêtres et l’univers, ainsi que le maintien de liens solides au sein des communautés pastorales. Cette pratique soutient les économies locales, réduit l’exode rural et contribue à l’inclusion sociale. La transhumance s’aligne sur les principes de coopération, de solidarité et de respect de la dignité humaine, et se fonde sur des valeurs culturelles et environnementales.

R.2 :  Le dossier développe des arguments convaincants sur l’impact de l’inscription de la transhumance à différents niveaux. Au niveau local, l’inscription contribuerait à la reconnaissance de la transhumance en tant que pratique culturelle profondément enracinée, ainsi qu’à des problématiques sociales plus larges telles que le maintien de la biodiversité et l’agriculture durable. Elle mettrait également en évidence le rôle de la transhumance pour endiguer le dépeuplement des zones rurales. Au niveau national, l’inscription reconnaîtrait le rôle de la transhumance comme source de résilience sociale et économique. Elle soutiendrait également les politiques publiques et influencerait les stratégies nationales de développement durable. Au niveau international, l’inscription permettrait de mieux comprendre le patrimoine culturel immatériel dans les contextes ruraux, de promouvoir les expressions culturelles connexes et d’encourager le dialogue entre les communautés. La pratique favorise les échanges entre les institutions universitaires, les centres de recherche et les programmes interdisciplinaires. L’inscription permettrait de diffuser l’importance culturelle de la transhumance auprès des jeunes, de la société urbaine, des touristes et des consommateurs.

R.3 :  Les communautés locales, les détenteurs et les praticiens ont joué un rôle crucial dans la documentation, la transmission et la promotion de la transhumance à travers différentes initiatives et à différents niveaux. Les États concernés ont démontré leur engagement à l’égard de cet élément par des mesures législatives, des programmes administratifs et de gestion et un soutien financier. Les mesures de sauvegarde proposées, notamment en matière de documentation, de transmission, de promotion et de collaboration internationale, ont été élaborées dans le cadre d’un dialogue et d’un engagement approfondis avec les communautés locales, les praticiens et les autorités. Les mesures mettent l’accent sur la recherche, le soutien aux événements locaux, la création de musées de la transhumance et le partage des connaissances au niveau international. Des actions communes et une collaboration entre les États parties seront lancées et soutenues au niveau européen. Chaque État partie contribuera également aux efforts de sauvegarde par le biais de subventions et d’initiatives législatives et par l’élaboration de supports informatifs et pédagogiques.

R.4 :  Depuis 2008, les communautés européennes promeuvent activement la transhumance en tant que patrimoine commun. En 2018, l’Italie, l’Autriche et la Grèce ont initié le processus de candidature, ce qui a conduit à l’inscription de l’élément en 2019. Suite à l’intérêt manifesté par d’autres pays, un comité de pilotage international a été constitué, représentant dix pays. Chaque pays a envoyé deux représentants : un pour l’État partie et un pour les communautés, permettant ainsi à chaque acteur de contribuer à la rédaction du dossier. Malgré les difficultés liées à la pandémie, les efforts de collaboration ont été facilités par des vidéoconférences, permettant ainsi aux communautés et aux États de contribuer au dossier et aux mesures de sauvegarde. Des ateliers, des réunions et des communications personnelles ont permis d’obtenir un large soutien de la part de diverses communautés, groupes et associations. Ces activités ont abouti à des lettres de consentement pour la candidature multinationale, fournies par chaque État concerné.

R.5 :  Chaque État a fourni des informations complètes sur les inventaires nationaux, en indiquant leurs noms, leurs dates d’inclusion, les organisations responsables et la fréquence des mises à jour. Le premier ajout a eu lieu en 2011, et le plus récent en 2021. L’administration des inventaires est assurée par les structures ministérielles ou les commissions nationales concernées. Les inventaires ont été présentés en détail, précisant également les sites Internet et leurs versions PDF. Les modalités d’engagement des communautés locales, des praticiens et des organisations concernées dans les processus d’identification et d’inventaire de l’élément varient d’un pays à l’autre, mais sont évidentes dans tous les cas. Les inventaires sont mis à jour selon des fréquences variables, de l’ordre de deux fois par an à la mise à jour en permanence.

  1. Décide d’inscrire la Transhumance, déplacement saisonnier de troupeaux sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

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