Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.a.5

Le Comité

  1. Prend note que le Mozambique a proposé la candidature de l’Ingoma Ya Mapiko (n  01996) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

La danse mapiko est une danse de célébration pratiquée par le peuple makondé du Mozambique. Faisant partie du rite traditionnel de passage de la puberté à l’âge adulte, la danse est exécutée dans un enclos, généralement sous des manguiers, avec des danseurs, des musiciens et le public qui se réunissent pour fêter le rite d’initiation. La danse peut également être exécutée à l’occasion des funérailles d’un membre du groupe ou en guise de divertissement. Il s’agit d’une représentation théâtrale impliquant plusieurs danseurs qui se produisent seuls ou en groupe, avec des masques représentant des animaux ou des personnes. Ils sont accompagnés de tambours et d’un chœur de femmes et d’hommes se tenant face à face. Entre les prestations des danseurs, le chœur chante et danse des chansons provocantes, pour défier les hommes masqués et les habitants des villages voisins. Transmise lors des rites d’initiation, la danse mapiko symbolise l’esprit humain, l’harmonie avec le cosmos, la lutte entre le bien et le mal, et est perçue comme un moyen de vaincre la peur. Elle cherche également à rétablir l’équilibre entre masculin et féminin. Pour les communautés pratiquantes, le Mapiko est un moyen de transmettre les valeurs, les croyances et les coutumes ancestrales et d’aider les jeunes à se familiariser avec les transformations de leur corps lorsqu’ils atteignent la maturité.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants d’inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

U.1 :  Le Mapiko fait partie du rite d’initiation Makondé Likumbi, qui fait partie du processus de passage de l’enfance à l’âge adulte. Les masques Lipiko sont portés pendant le spectacle, qui est accompagné de musique et de danse. Le Mapiko implique un processus d’enseignement progressif visant à familiariser les jeunes avec leur corps, leurs traditions et leur mode de vie. L’élément est transmis lors de rites d’initiation secrets. Il transmet des valeurs et des croyances ancestrales et apprend aux jeunes à faire la différence entre le bien et le mal. Le Mapiko est également une expression artistique et une forme de divertissement et d’éducation.

U.2 :  Le dossier explique que des menaces sociales, économiques, militaires, environnementales et culturelles pèsent sur l’élément. Les jeunes sont moins enclins à participer aux danses en raison de l’absence d’avantages économiques. Les principales menaces qui pèsent sur l’élément sont les conflits armés et le terrorisme, le statut protégé des réserves dans lesquelles se trouvent les ressources nécessaires à la production des instruments et des masques, ainsi que l’affaiblissement de la transmission et de la participation des jeunes générations en raison de la migration de la main-d’œuvre. L’abandon d’autres pratiques culturelles telles que les tatouages et les sculptures a également réduit l’identité culturelle du peuple Makondé. 

U.3 :  Les mesures de sauvegarde passées et actuelles prises par les communautés concernées consistent notamment à obtenir un soutien politique et une reconnaissance du Mapiko et à coordonner des festivals et des ateliers de fabrication de masques de Mapiko. Le soutien de l’État comprend un programme de gouvernance, des mesures législatives, des financements et des recherches. Le plan de sauvegarde proposé se concentre sur la prévention de l’extinction du Mapiko. Les principales activités consistent à garantir la disponibilité des matières premières nécessaires, à établir un inventaire et un centre de documentation, à fournir un cadre juridique adéquat, et à mener des activités de renforcement des capacités et de sensibilisation et des productions artistiques. En termes de participation communautaire, la priorité sera donnée à la participation des membres de la société civile et des praticiens en tant que gardiens de leur culture. Le formulaire de candidature énumère différents praticiens qui joueront un rôle décisif dans la mise en œuvre de certaines activités de sauvegarde.

U.5 :  L’élément a été documenté et a été inclus dans un inventaire en 2019 conformément à la loi 10/88 sur le patrimoine national. L’élément a été identifié et défini par le biais d’entretiens avec un échantillon représentatif des communautés concernées, y compris des femmes. Le Mozambique a adapté le calendrier d’inventaire aux cyclones, aux inondations et aux sécheresses. Parallèlement, l’État, en partenariat avec les institutions et les communautés qui pratiquent l’élément, met en place des procédures de suivi et d’évaluation tout au long de l’année.

  1. Considère en outre que, d’après les informations contenues dans le dossier et fournies par l’État soumissionnaire dans le cadre du processus de dialogue, la candidature satisfait au critère suivant d’inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

U.4 :  Le dossier décrit un processus impliquant des interactions entre les praticiens, les associations, les dirigeants locaux et les agences gouvernementales à partir de 2019. Le processus a été mené par le Centre de recherche culturelle dans le but de définir et de déterminer comment développer la candidature, y compris la manière de traiter les aspects de l’élément soumis au secret. Les lettres annexées expriment le consentement libre, préalable et éclairé des communautés concernées.

  1. Décide d’inscrire l’Ingoma Ya Mapiko sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Encourage l’État partie à utiliser le mécanisme d’assistance internationale de la Convention pour recevoir un soutien financier pour des activités visant à sauvegarder le patrimoine culturel immatériel tel que défini à l'article 20 de la Convention ;
  3. Rappelle à l’État partie d’éviter les lettres de consentements standardisées et de garantir le consentement libre, préalable et éclairé des communautés concernées lorsqu’il soumettra des dossiers de candidature à l’avenir.

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