Le Comité
- Prend note que l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kazakhstan ont proposé la candidature de la broderie traditionnelle en Asie centrale (n 01733) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
La broderie traditionnelle en Asie centrale est utilisée pour décorer divers objets en tissu et décoratifs, tels que des coussins, des coiffes, des rideaux et des sacs. La richesse de l’art de la broderie se révèle dans les tapisseries, les costumes de cérémonie et le linge de maison, tel que les nappes. Les robes brodées sont aussi très souvent portées dans les groupes de musique populaire et les troupes de danse. Principalement pratiquée par des femmes, la broderie se distingue par des styles et des techniques qui varient selon les tribus, les zones ou les régions. Les ornements incluent des motifs symboliques et mythologiques qui évoquent la nature et l’espace, chacun ayant un nom et une signification. Les fils sont traditionnellement en coton, en laine ou en soie, et teints à l’aide de pigments végétaux ou minéraux. Traditionnellement, la broderie est transmise de manière informelle et formelle. Vers l’âge de six ans, assises près de membres de leur famille, les filles les regardent broder et contribuent aux tâches simples. La pratique se transmet également dans le cadre d’apprentissages auprès de brodeuses expérimentées qui enseignent à des jeunes filles de 16 à 20 ans les subtilités de la broderie, notamment le choix des fils, le dessin des ornements, l’application des patrons sur le tissu et les techniques de couture.
- Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
R.1 : L’élément consiste à broder des motifs décoratifs, y compris des dessins évoquant la nature et des symboles, à l’aide de fils teints sur du coton ou de la soie, et parfois du cuir. Les détentrices et praticiennes sont principalement des femmes et des filles, qui utilisent au quotidien des objets brodés. Certains hommes, connus pour leur maîtrise de l’élément, travaillent au côté des femmes et des filles. Les connaissances et les savoir-faire sont transmis de deux manières : (a) par l’apprentissage auprès des mères, grands-mères et sœurs de la famille ; et (b) par une formation formelle dans des écoles et des établissements de formation. La broderie traditionnelle est un marqueur de l’identité nationale des Etats soumissionnaires. Les objets brodés sont souvent mis à l’honneur dans des foires, des festivals, des mariages et des fêtes. L’élément contribue également au renforcement des liens dans la société. En effet, les femmes se rassemblent pour travailler, échangent et passent du temps ensemble.
R.2 : Au niveau local, l’inscription contribuerait à promouvoir le concept de patrimoine culturel immatériel dans les trois Etats soumissionnaires. En effet, l’élément est très connu dans les sociétés des États parties. Au niveau national dans les États parties, l’inscription favoriserait l’organisation d’expositions, de concours et de salons nationaux dédiés à la broderie, mais aussi la conduite de recherches et la tenue de conférences. Au niveau international, l’inscription favoriserait la communication et la collaboration entre les praticiens d’Asie centrale et d’autres régions du monde. L’inscription favoriserait encore le dialogue entre les communautés, groupes, individus et organisations publiques en Asie centrale et ailleurs, tout en encourageant la participation à des expositions et des festivals consacrés à l’artisanat, entre autres événements culturels.
- Considère en outre que les informations contenues dans le dossier ne sont pas suffisantes pour permettre au Comité de déterminer si les critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité sont satisfaits :
R.3 : Le dossier fournit des informations sur les différentes mesures de sauvegarde proposées par chaque Etat soumissionnaire. Parmi ces mesures figurent des travaux de recherche et de documentation, la formation, l’organisation d’événements et la publication de contenus sur l’élément. Cependant, ce dossier ne présente aucune mesure de sauvegarde commune aux Etats soumissionnaires. De plus, le dossier explique que l’Ouzbékistan et le Tadjikistan ont impliqué les praticiens et les communautés. Cependant, il ne fournit pas assez de détails sur l’implication des communautés concernées lors de la planification et de la mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées. La section 3.b(iii) comporte également des erreurs. En effet, cette section présente des informations relatives à un autre élément (« L’ortéké », dont la candidature pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité a été soumise lors de ce cycle). Ces informations ne correspondent pas à l’élément, c’est-à-dire la broderie traditionnelle.
R.4 : Le dossier explique que les détenteurs de l’élément ainsi que les communautés et groupes impliqués dans la fabrication de produits brodés, les institutions locales et régionales, les ONG, les instituts de recherche scientifique et des experts du patrimoine culturel immatériel des Etats soumissionnaires ont pris part au processus de candidature. Cependant, le dossier ne fournit pas suffisamment de détails pour permettre de prouver la participation la plus large possible de ces communautés lors des différentes étapes de la candidature. De plus, il semble que le processus de candidature a été largement coordonné par les États parties et les experts. En outre, le nombre de lettres de consentement soumises par chaque État partie est déséquilibré. En effet, un des Etats soumissionnaires a fourni quatre lettres seulement. Certaines lettres semblent provenir de musées nationaux et d’organisations gouvernementales plutôt que des communautés elles-mêmes.
R.5 : L’élément est inscrit aux inventaires respectifs des Etats soumissionnaires. Le dossier contient des détails sur les inventaires, y compris les organismes responsables de leur tenue, de leur processus et fréquences de mise à jour dans chaque État partie. Cependant, le dossier ne donne pas assez d’informations sur la participation des communautés, groupes et individus lors de l’inventaire. Le processus semble avoir été mené par des experts dans les trois Etats soumissionnaires.
- Décide de renvoyer la candidature de la broderie traditionnelle en Asie centrale aux États parties soumissionnaires et les invite à resoumettre la candidature au Comité pour examen au cours d’un cycle ultérieur ;
- Encourage les États parties à dédier plus de temps et de ressources pour coordonner la préparation des futurs dossiers de candidature multinationaux, y compris l’élaboration de mesures de sauvegarde communes ;
- Encourage en outre les États parties à s’assurer, à l’avenir, d’inclure les informations aux bons endroits dans les dossiers de candidature.