Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.c.2

Le Comité

  1. Prend note que la République islamique d’Iran a proposé le Programme national de sauvegarde de l’art traditionnel de la calligraphie en Iran (n  01716) en vue de sa sélection et de sa promotion par le Comité en tant que programme, projet ou activité correspondant le mieux aux principes et aux objectifs de la Convention :

La tradition de la calligraphie a toujours été associée à l’histoire de l’écriture en Iran. Même lorsque ceux qui la pratiquaient n’avaient qu’un niveau d’alphabétisation réduit, calligraphie et écriture restaient étroitement liées. Cependant, avec l’avènement de l’imprimerie et l’émergence des programmes informatiques et des polices de caractères numériques, cet art a décliné petit à petit et l’importance de la lisibilité pure l’a emporté sur l’alliance entre lisibilité et esthétique. Il en a résulté un déclin de l’appréciation de la calligraphie parmi les jeunes générations. La sauvegarde de la tradition de la calligraphie iranienne est devenue un enjeu majeur dans les années 1980 et un programme national a été développé à cet effet par des organisations non gouvernementales en collaboration avec le gouvernement. Ce programme avait pour but de développer des formations publiques formelles et informelles à la calligraphie, de publier des ouvrages et des brochures, d’organiser des expositions artistiques et de développer des cursus académiques, tout en encourageant un usage approprié de la tradition de la calligraphie adapté aux conditions de vie modernes. Certains des travaux du programme ont été entrepris par l’Association des calligraphes iraniens avant les années 1980, et, étant donné son immense popularité, le secteur public en a fait un programme national en le redéfinissant et en assurant sa coordination à grande échelle sur la base des expériences des secteurs public et privé.

  1. Considère que, sur la base des informations contenues dans le dossier, et celles fournies par l’État soumissionnaire dans le cadre du processus de dialogue, le programme répond comme suit aux critères de sélection, en tant que bonne pratique de sauvegarde, tels qu’énoncésau paragraphe 7 des Directives opérationnelles :

P.1 : Le programme de sauvegarde de l’art traditionnel de la calligraphie en Iran est un programme sur le long terme qui est coordonné par deux organisations non gouvernementales et quatre acteurs gouvernementaux. Son objectif est de revitaliser, enrichir et promouvoir la pratique de la calligraphie en Iran. Les mesures prises comprennent des publications, des programmes de formation, des expositions, des concours, des manuels scolaires et des cursus universitaires, de nouvelles polices de caractères numériques, des certifications et des évaluations pour les calligraphes, et l’allocation d’une assurance et d’une aide financière aux artistes sélectionnés.

P.2 : Le programme opère au niveau national et est dirigé par deux conseils nationaux qui coordonnent sa mise en œuvre : 1) un Conseil spécialisé créé au sein du Ministère de la culture et de l’orientation islamique, qui délivre les permis et les financements ; et 2) un Conseil correspondant au Ministère de l’éducation, chargé de coordonner la mise en œuvre du programme pour tout ce qui touche aux écoles et aux manuels scolaires. Le Ministère du patrimoine culturel, du tourisme et de l’artisanat et le Ministère des sciences, de la recherche et de la technologie, en coopération et en coordination avec les deux conseils ci-dessus mentionnés, sont les moteurs du programme.

P.3 : Le programme correspond aux objectifs de la Convention car il renforce et promeut le rôle de la calligraphie, qui permet de transmettre des valeurs traditionnelles d’une génération à une autre. Il renforce en outre le respect de la diversité culturelle et de la créativité humaine en Iran et dans d’autres pays, par le biais de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Les activités de documentation contribuent à développer la recherche dans le domaine de la calligraphie et d’autres arts traditionnels, tout en renforçant l’infrastructure de l’éducation formelle et informelle.

P.4 : L’élément a été revitalisé et a gagné en popularité parmi les jeunes, tout en contribuant aux expressions créatives dans lesquelles il est utilisé. Des maîtres calligraphes ont associé l’art traditionnel à l’art contemporain pour créer des calligrammes, qui se sont imposés sur le marché de l’art iranien et international. Grâce au programme, l’élément tient aussi une place importante dans l’architecture traditionnelle, notamment sur les façades extérieures et dans les intérieurs. Il est aussi largement utilisé en design vestimentaire et en bijouterie. La rédaction de textes sacrés tels que le Coran, les Hadiths et les Narrations, les bannières et les annonces de fêtes ou de deuil s’appuient également sur l’art de la calligraphie traditionnelle.

P.5 : Le programme a été mis en œuvre en collaboration entre les organismes publics et les organisations non gouvernementales, y compris de nombreux maîtres praticiens qui participent à la formation, à l’éducation formelle et informelle, aux expositions et aux publications.

P.6 : Le programme national de l’art de la calligraphie traditionnelle en Iran peut servir de modèle de sauvegarde du patrimoine dans d’autres pays présentant des éléments identiques ou similaires. L’art de la calligraphie est largement répandu dans de nombreux pays islamiques et arabes. Au vu des traditions communes de l’Iran avec les pays voisins, la mise en œuvre du programme dans d’autres pays peut être envisagée.

P.7 : Le dossier répertorie plusieurs entités, y compris des services gouvernementaux et des associations, qui participent à la mise en œuvre du programme et qui sont disposés à aider à la diffusion des bonnes pratiques de sauvegarde. Ces entités sont le Ministère de l’éducation, le Ministère de la culture et de l’orientation islamique, le Ministère du patrimoine culturel, du tourisme et de l’artisanat, l’Association des calligraphes iraniens et l’Association Novem. Le dossier inclut des lettres de consentement qui attestent de la volonté de coopération de ces entités et du rôle potentiel qu’elles peuvent jouer pour diffuser plus largement les pratiques de sauvegarde.

P.8 : Les activités de sauvegarde de ce programme feront l’objet de rapports de la part des organisations gouvernementales et non gouvernementales et seront examinées, analysées et évaluées par les deux Conseils nationaux, ainsi que par les comités spécialisés et réglementaires pertinents. Les résultats de l’évaluation seront annoncés dans les Conseils et le programme sera adapté en conséquence jusqu’à sa mise en œuvre complète.

P.9 : Les autres pays possédant une tradition écrite, et tout particulièrement les pays de culture arabe et musulmane, pourraient s’appuyer sur l’expérience de ce programme en l’adaptant à leurs besoins locaux. Ils pourraient par exemple prendre les mesures appropriées pour échanger et partager des expériences avec d’autres pays, placer l’enseignement de la calligraphie au centre d’un programme, ou mettre en œuvre un programme au niveau national. La participation de pratiquants sans distinction d’âge, de genre, d’origine ethnique ou de nationalité serait en outre bénéfique pour la diversité, l’innovation et la créativité culturelles, et conférerait dynamisme et flexibilité supplémentaires aux programmes.

  1. Décide de sélectionner le Programme national de sauvegarde de l’art traditionnel de la calligraphie en Iran en tant que programme, projet ou activité correspondant le mieux aux principes et aux objectifs de la Convention.

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