Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.8

Le Comité

  1. Prend note que la République démocratique du Congo et le Congo ont proposé la candidature de la rumba congolaise (nº 01711) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La rumba congolaise est un genre musical et une danse populaire dans les zones urbaines de la République démocratique du Congo et la République du Congo. Généralement exécutée par un couple composé d’un homme et d’une femme, il s’agit d’une forme d’expression multiculturelle originaire d’une ancienne danse appelée nkumba (« taille » en kikongo). La rumba est utilisée lors de célébrations et de jours de deuil, à la fois dans les espaces publics, privés et religieux. Elle est accompagnée par des orchestres, des chœurs, des danseurs et des musiciens solistes, qu’ils soient professionnels et amateurs. Les femmes ont joué un rôle prépondérant dans l’élaboration de style romantique et religieux. La tradition de la rumba congolaise est transmise aux jeunes générations via les clubs de quartier, les écoles de formation officielle et les organisations communautaires. Par exemple, les musiciens de rumba assurent le maintien des clubs et la formation des artistes apprentis pour la perpétuation de la pratique et la fabrication des instruments. La rumba joue également un rôle économique important, car la formation d’orchestres permet le développement d’une forme d’entrepreneuriat culturel visant à réduire la pauvreté. Elle est considérée comme une partie essentielle et représentative de l’identité du peuple congolais et de ses populations de la diaspora. Elle permet également la transmission de valeurs sociales et culturelles de la région, mais aussi la promotion d’une cohésion sociale, intergénérationnelle et solidaire.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : La rumba est un genre musical et dance principalement pratiqué dans les villes de Kinshasa and Brazzaville. L’élément qui inclut la fabrication d’instruments traditionnels et modernes, est transmis aux apprenants par la pratique, les clubs, les groupes de jeunes de quartier et les organisations plus formelles, comme les académies et écoles d’arts. Sa fonction et son importance se retrouvent dans les jours de divertissement, de festivités et de deuil. La pratique de l’élément contribue à forger un sentiment de solidarité et à encourager l’entrepreneuriat parmi les praticiens et le peuple de la République démocratique du Congo et de la République du Congo dans son ensemble.

R.2 : L’inscription de l’élément permettrait d’augmenter la visibilité du patrimoine culturel immatériel à l’échelle locale, nationale et internationale. La notion générale de patrimoine culturel immatériel sera renforcée et encouragée à l’échelle des communautés. L’inscription sera accompagnée d’un engagement national visant sa promotion. À l’échelle internationale, la popularisation de l’élément permettra une plus grande sensibilisation à celui-ci. La nature transfrontalière de l’élément contribuera à plus de dialogue, tout en renforçant la diversité et la créativité humaine dans la littérature et les films associés et aussi pendant les festivals.

R.3 : Le dossier démontre que les mesures de sauvegarde sont bien élaborées et permettront de garantir la viabilité de l’élément. Les États parties déploient actuellement de nombreux efforts à cet égard, parmi lesquels une formation formelle, des festivals annuels et officiels, ainsi que des attributions de prix. Les mesures proposées comprennent notamment : (a) le financement d’un Musée de la rumba à Brazzaville et Kinshasa ; (b) une campagne de sensibilisation visant à souligner les éventuels effets négatifs de l’inscription, comme par exemple l’exploitation commerciale ; (c) la formation des composantes musicales formelles ; et (d) l’encouragement de la participation des femmes. Il convient de noter que les États parties ont convenu de politiques visant à augmenter le nombre de tournées et échanges transfrontaliers parmi les artistes, étudiants et chercheurs. Le dossier démontre également la participation des praticiens, dans les deux pays, à l’élaboration des mesures proposées.

R.4 : Le dossier fournit une indication claire de l’implication des communautés dans le cadre de sa préparation au cours des différentes phases du processus de candidature. Les deux États parties ont démontré leur soutien et leur coordination, notamment à l’occasion du colloque scientifique conjoint en mars 2020. Il convient par ailleurs de noter que des efforts notables ont été fournis dans le dossier afin de veiller à une meilleure représentation des genres et à l’importance du rôle des femmes praticiennes, notamment dans la mise en œuvre des mesures de sauvegarde. Le consentement libre, préalable et informé est bien établi dans le dossier.

R.5 : L’élément figure dans la liste de l’Inventaire national du patrimoine culturel de la République démocratique du Congo et de l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel de la République du Congo. Ces Inventaires sont administrés respectivement par les sections Histoire et Traditions orales du Musée national et la Direction générale des patrimoines et des archives. Les Inventaires sont mis à jour tous les trois ans dans la République démocratique du Congo. En République du Congo, la mise à jour est recommandée tous les quatre ans. Le dossier indique également que les communautés ont été impliquées durant les phases d’identification et d’inventaire.

  1. Décide d’inscrire la rumba congolaise sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite les États parties pour le dossier bien préparé, qui démontre leur solidarité et leur coordination ;
  3. Félicite en outre les États parties pour leur première inscription.

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