Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.43

Le Comité

  1. Prend note que la Turquie a proposé la candidature de Hüsn-i Hat, la calligraphie traditionnelle dans l’art islamique en Turquie (n  01684) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le Hüsn-i hat est une pratique séculaire qui consiste à tracer des lettres d’origine arabe de manière mesurée et proportionnelle tout en tenant compte de certaines valeurs esthétiques. Elle se pratique à l’aide d’outils traditionnels, tels qu’un type spécifique de papier glacé fabriqué à partir de substances organiques, un calame, des couteaux à calame, une dalle spéciale pour tailler les calames, un encrier, de l’encre de suie et un étui à calame. La plupart des calligraphes, ou hattats, fabriquent leurs propres outils et jouent un rôle important dans la perpétuation de la tradition du Hüsn-i hat, car ils transmettent leurs connaissances, leur savoir-faire artisanal et leurs valeurs par le biais de l’apprentissage. Le Hüsn-i hat peut être rédigé sur du papier ou du cuir, mais aussi sur des surfaces telles que la pierre, le marbre, le verre et le bois, entre autres. Le Hüsn-i Hat se décline dans de nombreux styles différents, mais cette pratique était utilisée à l’origine pour écrire le Coran, les hadiths (citations du prophète Mahomet) et des poèmes. Elle concernait aussi les correspondances officielles, comme les édits et mandats impériaux, et décorait les bâtiments religieux et publics. Dans l’islam, le Hüsn-i hat est considéré comme un instrument permettant non seulement d’exprimer des idées, mais aussi de les représenter visuellement. Aujourd’hui encore, le Hüsn-i hat est utilisé dans les œuvres sacrées et littéraires ainsi que sur les mosquées, les bains turcs et les temples.

  1. Considère que, d’après les informations fournies dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  Le Hüsn-i hat désigne l’art de dessiner des lettres d’origine arabe à l’aide d’un calame et de l’encre de suie de façon mesurée et proportionnelle, tout en tenant compte de la dimension esthétique. L’élément est enseigné par le maître à son apprenti, sans aucune compensation financière en contrepartie. Il s’agit d’une formation pratique informelle appelée mashq. Aujourd’hui, l’élément est toujours utilisé pour réaliser les œuvres sacrées et littéraires, ainsi que pour décorer les édifices religieux, les monuments, les murs, les coupoles et les portails en Turquie. Les praticiens et les détenteurs sont les hattats, les apprentis, les artisans et les fournisseurs, tous les rôles étant ouverts aux femmes. Cet élément contribue à assurer la continuité de la mémoire sociale et de l’identité culturelle, et est compatible avec les droits de l’homme.

R.2 : Le dossier démontre que l’inscription assurerait la visibilité de l’élément et permettrait de mieux le faire connaître, tout en sensibilisant les individus à l’importance du patrimoine culturel immatériel de façon générale. Elle favoriserait aussi le dialogue et la créativité humaine. Au niveau national, l’inscription encouragerait les hattats et les communautés associées à sauvegarder l’élément et à contribuer au processus d’inventaire local. Au niveau international, elle permettrait de sensibiliser les communautés concernées dans différentes parties du monde. Elle faciliterait également le dialogue grâce à la mise en place de séminaires, d’ateliers et de visites éducatives aux niveaux national et international. En permettant une grande diversité de styles d’écriture et de compositions, ce qui donne lieu à une myriade d’œuvres d’art, l’élément s’ouvre à de nouvelles formes et encourage ainsi la créativité humaine.

R.3 :  Le dossier rend compte des initiatives passées et en cours, notamment des ateliers de formation, des publications, des conférences, des séminaires, des expositions et des concours. Depuis 2010, le Ministère de la culture et du tourisme a organisé des cours de Hüsn-i hat et formé 1 340 personnes. Les mesures de sauvegarde proposées reconnaissent également le rôle de la méthode de transmission traditionnelle du maître à l’apprenti. D’autres plans prévoient de développer de nouvelles ressources pour stimuler l’intérêt des enfants, d’utiliser les médias conventionnels et télévisuels pour promouvoir l’élément, de publier des kits d’écriture et d’organiser des concours, des expositions et des échanges académiques continus avec le concours des praticiens.

R.4 : Le dossier démontre une large participation de la communauté au processus de candidature, depuis l’inscription de l’élément à l’inventaire national et jusqu’à la préparation du dossier de candidature. Les lettres de consentement jointes au dossier témoignent du large éventail de personnes impliquées dans la candidature, parmi lesquels il convient de noter la présence des fabricants de papier, d’encre et d’autres matériaux utilisés dans la pratique de l’élément. Hommes et femmes y sont représentés. Aucun aspect de l’élément n’est limité par les pratiques coutumières.

R.5 : L’élément a été inclus dans l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de Turquie en 2014. La Commission des experts du patrimoine culturel immatériel se réunit deux fois par an pour mettre à jour les inventaires nationaux et évaluer les soumissions des Conseils du patrimoine culturel immatériel. Les inventaires sont mis à jour au moins une fois par an avec l’approbation du Ministre de la culture et du tourisme.

  1. Décide d’inscrire Hüsn-i Hat, la calligraphie traditionnelle dans l’art islamique en Turquie sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Encourage l’État partie à partager ses expériences en matière de sauvegarde avec d’autres États parties présentant des éléments similaires.

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