Décision du Comité intergouvernemental : 16.COM 8.b.30

Le Comité

  1. Prend note que la Palestine a proposé la candidature de l’art de la broderie en Palestine, pratiques, compétences, connaissances et rituels (n  01722) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

L’art de la broderie traditionnelle est largement diffusé en Palestine. Ces broderies étaient à l’origine fabriquées et portées dans les zones rurales. La pratique est désormais courante dans toute la Palestine et chez les membres de la diaspora. Les tenues des villageoises étaient généralement composées d’une longue tunique, d’un pantalon, d’une veste, d’une coiffe et d’un voile. Chacun de ces habits est décoré de toute une variété de symboles tels que des oiseaux, des arbres ou des fleurs. Le choix des couleurs et des motifs indique l’identité régionale de la femme, ainsi que son statut marital et économique. Sur le vêtement principal, une robe ample appelée le thob, le buste, les manches et les manchettes sont recouverts de broderies. Des pans verticaux ornés de broderies vont de la taille jusqu’au bas de la robe. Les broderies sont réalisées avec des fils de soie sur des tissus en laine, en lin ou en coton. La broderie est une pratique sociale et intergénérationnelle, les femmes se réunissant les unes chez les autres pour broder et coudre, souvent accompagnées de leurs filles. De nombreuses femmes pratiquent la broderie comme un passe-temps, mais d’autres réalisent et vendent des pièces brodées afin d’apporter un revenu complémentaire à leurs familles, de manière indépendante ou en coopération avec d’autres femmes. Ces groupes de femmes se réunissent chez les unes ou les autres ou dans des centres de la communauté où elles peuvent également vendre leurs ouvrages. La pratique est transmise de mère en fille et via un apprentissage formel.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : Il s’agit d’une pratique consistant à appliquer des broderies sur les tenues traditionnelles portées par les femmes dans les villages, ainsi que sur du linge comme les draps et les couvre-lits. Les broderies sont ornées de toute une variété de symboles et de motifs tels que des oiseaux, des arbres ou des fleurs. La broderie est pratiquée par des femmes de tous les âges. Les connaissances et le savoir-faire sont transmis dans les familles par les grand-mères et les mères à leurs filles. La pratique est aussi transmise de façon formelle, dans des cours organisés et dans les cours de matières artistiques dans les écoles. La pratique de l’élément renforce la relation entre les générations. L’élément a toute sa place aux mariages et lors d’événements tels que la parade jusqu’à l’Église de la Nativité.

R.2 : Au niveau local et national, l’inscription permettra de mieux sensibiliser à la Convention, de mieux la faire connaître et de comprendre comment les expressions et les pratiques traditionnelles et culturelles impactent l’identité communautaire et individuelle. L’inscription encouragera également les mesures d’identification et de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au sein des communautés palestiniennes. Au niveau international, l’inscription apportera une meilleure reconnaissance du patrimoine culturel immatériel faisant participer les femmes. Étant donné que la broderie est un élément commun dans de nombreuses communautés partout dans le monde, elle optimisera l’opportunité d’un dialogue. La pratique de l’élément lui-même est de nature créative, et le respect de la diversité culturelle sera renforcé, au vu des aspects socio-culturels associés à l’élément.

R.3 : L’organisation de bazars et d’expositions, ainsi que d’études et de projets de recherche ont permis de sauvegarder l’élément. Les femmes à titre individuel et leurs familles ont également assumé la responsabilité de la sauvegarde de l’élément. En outre, le Centre culturel d’Anata et le musée Tiraz ont entrepris la documentation et l’étude de l’élément. Les cursus scolaires officiels incluent la broderie et son importance, et l’élément est également enseigné dans des programmes extra-scolaires. La broderie est également promue lors de certaines journées nationales. Plusieurs mesures ont été définies en vue de sa sauvegarde, notamment des solutions de génération de revenus et de développement durable, des projets de recherche, de documentation et de publication. Le dossier explique de façon satisfaisante le rôle des communautés dans la proposition et la mise en œuvre des mesures de sauvegarde proposées.

R.4 : Le dossier démontre une large participation des communautés, des groupes et des individus à la préparation du dossier et au processus de candidature amorcé en 2016. Il confirme une collaboration commune entre les ministères d’État, les organisations non gouvernementales et les représentants des communautés. Les informations contenues dans le dossier permettent aussi de constater un consentement libre, préalable et éclairé. Il n’existe pas de droits coutumiers régissant l’accès.

R.5 : L’élément figure sur la Liste nationale du patrimoine culturel immatériel depuis 2018 et est administré par le Département du patrimoine culturel immatériel du Ministère palestinien de la culture / Service du registre national du patrimoine. La proposition d’inscription de l’élément émanait d’une demande d’artisanes de communautés locales et d’associations caritatives désireuses de protéger cet artisanat. La Liste nationale du patrimoine a été créée en 2016 avec 18 éléments patrimoniaux et est mise à jour tous les deux ans. La Liste a été actualisée en 2017 et 2019, et cinq nouveaux éléments patrimoniaux y ont été ajoutés.

  1. Décide d’inscrire l’art de la broderie en Palestine, pratiques, compétences, connaissances et rituels sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Rappelle à l’État partie la nécessité d’établir un processus clair faisant participer les communautés, groupes et individus pertinents à la mise à jour des inventaires ;
  3. Félicite l’État partie d’avoir assuré la participation la plus large possible des communautés, y compris des femmes des camps de réfugiés, au processus de candidature.

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