Décision du Comité intergouvernemental : 13.COM 10.b.8

Le Comité

  1. Prend note que la Chine a proposé la candidature des bains médicinaux Lum de la Sowa Rigpa, connaissances et pratiques du peuple tibétain en Chine concernant la vie, la santé et la prévention et le traitement des maladies (n  01386) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Les bains médicinaux Lum de la Sowa Rigpa sont une pratique développée par les Tibétains, dont les principes de vie reposent sur les cinq éléments et l’idée selon laquelle la santé et la maladie dépendent de trois humeurs (Lung, Tripa et Pekan). En tibétain, Lum désigne les connaissances et pratiques traditionnelles liées aux bains dans des sources naturelles chaudes, dans de l’eau additionnée de plantes et dans la vapeur pour rééquilibrer le corps et l’esprit et garantir la santé et soigner les maladies. Influencés par la religion bön et le bouddhisme tibétain, les bains Lum reflètent les expériences populaires en matière de prévention et de traitement des maladies et illustrent la transmission des connaissances traditionnelles, présentées dans le traité Gyushi des quatre tantras, dans la pratique médicale actuelle. Les détenteurs et les praticiens sont des agriculteurs, des bergers et des citadins résidant dans les zones concernées. Le Manpa (médecin), le Lum Jorkhan (pharmacien) et le Manyok (assistant) ont des responsabilités spécifiques dans la transmission. L’élément joue un rôle essentiel pour améliorer les conditions de santé, encourager un code de comportements sociaux et promouvoir le respect de la nature. Il est transmis de génération en génération dans le cadre de la vie quotidienne, de rituels religieux, d’activités folkloriques et de pratiques médicinales. Il est désormais intégré au programme des facultés de médecine moderne en tant que complément aux enseignements formels.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  L’élément est une pratique médicinale complexe qui trouve son origine dans un environnement traditionnel, et qui est devenue une partie respectée de la médecine institutionnalisée au Tibet et dans plusieurs autres provinces de Chine. Sa pratique est très répandue dans les communautés locales ainsi que dans les institutions médicales et les facultés de médecine monastique. Sa viabilité est garantie par différents moyens de transmission traditionnels et institutionnalisés, dont l’enseignement maître-apprenti et l’ajout aux programmes des facultés de médecine. L’élément constitue une partie importante de la vie quotidienne du peuple tibétain, et encourage le respect de la cohésion sociale ainsi que la gestion durable des ressources naturelles.

R.2 :  La pratique favorise le développement durable, la connaissance de la nature et la protection des ressources naturelles. Son inscription mettrait en évidence ces qualités, qui sont partagées par différentes cultures autour du monde. La pratique traditionnelle et institutionnelle de l’élément crée des synergies, ce qui pourrait favoriser le respect entre les différentes communautés de praticiens et instaurer un dialogue entre les autres communautés sur les pratiques liées à la santé, à la prévention et au traitement des maladies.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde proposées répondent aux besoins identifiés de façon claire. La création et l’utilisation de supports éducatifs pour les écoliers et les futurs professionnels aidera à sensibiliser le public à l’élément, et à transmettre aux jeunes des connaissances qui s’y rapportent. Le « règlement de la sauvegarde la médecine tibétaine » et la « liste de préservation des espaces de pratique traditionnelle et lieux de mémoire des bains médicinaux Lum de la Sowa Rigpa » répondent au besoin de protection des ressources naturelles et de l’environnement. La documentation, la recherche et les activités de promotion complètent les mesures visant à garantir la viabilité de l’élément.

R.4 :  Les communautés, détenteurs individuels, experts et institutions de recherche ont participé à la préparation du dossier de candidature sous la direction d’une équipe de coordination. L’équipe a organisé des ateliers et réunions de travail afin de rassembler différentes contributions, opinions et suggestions et de les intégrer au texte final du dossier. Le dossier inclut une grande variété d’expressions de consentement venant de différents groupes de détenteurs, dont des représentants de clans, des communautés villageoises, des institutions médicales et des monastères.

R.5 :  L’État soumissionnaire a fourni des documents démontrant que l’élément a été inclus dans la liste nationale des éléments représentatifs du patrimoine culturel immatériel gérée par le Ministère de la culture de la République populaire de Chine en deux occasions : d’abord en tant que bains médicinaux Lum de la Sowa Rigpa en 2008, puis en tant que bains médicinaux Lhoka Lum de la Sowa Rigpa en 2014. Ces deux inscriptions ont été initiées par des hôpitaux tibétains et des groupes de praticiens représentatifs avec la participation des détenteurs traditionnels.

  1. Inscrit les bains médicinaux Lum de la Sowa Rigpa, connaissances et pratiques du peuple tibétain en Chine concernant la vie, la santé et la prévention et le traitement des maladies sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite l’État partie d’avoir soumis un dossier qui souligne l’importance du savoir traditionnel relatif à la nature et à l’univers, et propose un exemple positif de relation durable entre les êtres humains et leur environnement.

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