Décision du Comité intergouvernemental : 11.COM 10.b.34

Le Comité

  1. Prend note que la Turquie a présenté la candidature de l’artisanat traditionnel du çini (no 01058) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Les çinis sont des carreaux traditionnels de faïence et de céramique faits à la main. Décorés de formes géométriques et de motifs végétaux et animaux multicolores, on les retrouve souvent sur les façades de bâtiments et de maisons de toute la Turquie. La fabrication des çinis se déroule suivant une série d’opérations. L’argile est d’abord modelée, couverte d’un premier apprêt, séchée et cuite dans des fours spécifiques. Des motifs représentant les coutumes et les croyances locales sont ensuite percés sur du papier avant d’être appliqués sur la poterie avec de la poussière de charbon. Les contours sont retracés à la main puis les couleurs appliquées sur la surface. La poterie est enfin émaillée et cuite. Les ateliers de çini intègrent des artisans, des superviseurs et des apprentis. Chaque artisan a un rôle spécifique : modelage, décoration et coloration, polissage, pose d’une sous-couche ou cuisson. Pour ses praticiens, le çini est un moyen de s’exprimer, de s’épanouir et de se sentir mieux. Il permet également de préserver une forme d’art qui est symbolique de l’identité culturelle de la Turquie et qui contribue à renforcer le lien entre passé et présent, en assurant sa continuité. L’art du çini ne se limite pas aux ateliers. Cette tradition est aussi pratiquée à la maison, dans des centres d’enseignement publics, des écoles professionnelles et des universités de tout le pays, où ni l’âge, ni le genre, ni l’origine ethnique n’entravent le partage des connaissances, la transmission et l’acquisition des savoir-faire.

  1. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :

R.1 :  Le dossier décrit la fonction culturelle que revêt l’élément dans la transmission aux jeunes générations des procédés esthétiques et techniques, des perceptions sur la nature et l’univers et, par conséquent, de la continuité culturelle et d’un sentiment d’identité. L’État soumissionnaire décrit également les fonctions sociales de l’élément vis-à-vis des attitudes, des compétences et des valeurs sociales et personnelles. Les détenteurs et les praticiens sont essentiellement des artisans et des formateurs à l’art du çini, dont les connaissances et les savoir-faire sont transmis dans le cadre de relations maître-apprenti ou parent-enfant et, de plus en plus, dans le cadre de l’éducation formelle. Ils respectent d’importantes normes traditionnelles et procédures technologiques tout en enrichissant l’élément grâce à leur créativité. Il apparaît que l’art du çini est ouvert à tous, indépendamment de la culture, de la religion, de l’âge ou du genre, et qu’il confère à ses praticiens patience, créativité et respect d’autrui. L’élément est conforme aux instruments existants relatifs aux droits de l’homme ainsi qu’aux exigences du développement durable ;

R.2 :  Compte tenu de l’existence d’artisanats similaires dans d’autres contextes culturels, le dossier décrit la manière dont l’inscription de l’élément contribuerait à la visibilité du patrimoine culturel immatériel en général, ainsi qu’à la sensibilisation de différents praticiens, chercheurs et communautés au niveau international. Elle permettrait également de sensibiliser les communautés qui partagent cet élément dans différentes régions de Turquie. L’art du çini est un exemple de dynamisme esthétique et de créativité humaine. Son inscription encouragerait par conséquent le respect de la créativité humaine et inciterait les artisans du çini à sauvegarder et à améliorer leurs connaissances et savoir-faire traditionnels pour faire face à la production industrielle et aux produits importés ;

R.3 :  Dans le passé, plusieurs initiatives ont été entreprises par les communautés concernées afin de sauvegarder l’élément et d’assurer sa viabilité, bien qu’elles n’aient pas toujours eu les résultats escomptés. Les mesures de sauvegarde proposées sont essentiellement présentées dans le cadre d’un « Plan stratégique de sauvegarde et de suivi de l’artisanat du çini » et prévoient d’assurer le développement durable des centres artisanaux de çini, de sensibiliser la population nationale, de préparer des travaux de recherche et des publications et d’encourager la créativité et le dialogue. Cela fera intervenir de nombreuses parties prenantes, dont des institutions nationales, ce qui montre le soutien et l’engagement de la communauté locale et de l’État soumissionnaire. Ce plan, bien élaboré et structuré en thèmes, prévoit la rédaction d’un rapport annuel d’évaluation et d’étude d’impact ;

R.4 :  L’État soumissionnaire a fourni suffisamment d’informations sur la participation d’un grand nombre d’artisans du çini, de représentants d’organisations non gouvernementales, d’universitaires, de folkloristes, etc. au processus de candidature, de son commencement à sa présentation finale, avec notamment l’utilisation d’outils électroniques pour atteindre un plus large public. L’État soumissionnaire explique comment a été recueilli le consentement des parties concernées et fait savoir qu’aucune pratique coutumière ne limite l’accès à l’élément. Les représentants de ces groupes ont donné leur consentement libre, préalable et éclairé à cette candidature par le biais de lettres personnalisées ;

R.5 :  L’élément a été inscrit en 2010 sur l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de Turquie et actualisé en 2013, sous la responsabilité du Ministère de la culture et du tourisme. Les communautés locales ont participé au processus d’inventaire par l’intermédiaire des conseils locaux du patrimoine culturel immatériel.

  1. Inscrit l’artisanat traditionnel du çini sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

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