Décision du Comité intergouvernemental : 11.COM 10.a.4

Le Comité

  1. Prend note que l’Ouganda a proposé la candidature de la danse et musique de lyre arquée ma’di (no 01187) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

La danse et la musique de lyre arquée ma’di est une pratique culturelle des populations madi en Ouganda. Transmis par les ancêtres, les chants et les danses traditionnels sont pratiqués à l’occasion des mariages, des réunions politiques, de la célébration des bonnes récoltes, pour l’éducation des enfants, la résolution de conflits ou un deuil pour des proches disparus. Plusieurs rituels sont également associés à la production et à l’utilisation de la lyre : préparation d’un repas spécial pour bénir l’instrument en cours de fabrication ; insertion de morceaux de balais et de pierres pris à une « femme querelleuse » dans le corps de l’instrument avec une prière aux ancêtres pour que l’instrument reproduise un son similaire ; baptême de l’instrument et secousse de l’instrument avant et après en avoir joué en signe de respect. Cette pratique traditionnelle renforce les liens familiaux et l’unité du clan et transmet aux jeunes générations l’histoire, les valeurs et la culture de la communauté. Les connaissances et savoir-faire associés à la pratique se transmettent des ainés aux jeunes. La survie de la tradition est toutefois menacée, les jeunes générations la jugeant démodée et les matériaux utilisés pour fabriquer l’instrument proviennent de sources animales et végétales menacées.

  1. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :

U.1 :  Transmises de génération en génération, la danse et la musique de lyre arquée ma’di jouent un rôle essentiel dans la transmission des normes culturelles, des valeurs communes et de la mémoire collective, en inculquant le sens de l’effort, la compréhension mutuelle et le respect des anciens parmi les jeunes générations. L’élément revêt également une fonction sociale importante en favorisant la coexistence à travers la résolution des conflits et le renforcement des liens familiaux et claniques ;

U.2 :  La continuité de l’élément est menacée par les évolutions socioculturelles consécutives au conflit politique et à la migration de la communauté madi depuis la fin des années 1970. La viabilité de l’élément est également menacée par les changements environnementaux, comme la déforestation, qui détruisent les matières premières nécessaires à la fabrication des instruments utilisés. En outre, la transmission entre les générations est menacée par le désintérêt des jeunes et la baisse du nombre de praticiens, aujourd’hui limités à une douzaine ;

U.3 :  Reposant sur les efforts actuels et passés, le plan de sauvegarde proposé cible les menaces identifiées avec différentes activités de sensibilisation, de renforcement des capacités et de conservation des matières premières pour pérenniser la pratique, avec un calendrier réaliste et cohérent et un budget soigneusement défini. La communauté de praticiens est activement impliquée dans l’élaboration et la mise en œuvre du plan de sauvegarde, avec des agents de développement des communautés, les organisations non gouvernementales concernées et les institutions gouvernementales locales ;

U.4 :  Le dossier de candidature et les preuves jointes de consentement libre, préalable et éclairé démontrent la participation active de la communauté au sens large, incluant les praticiens, les anciens, les jeunes, les femmes et de nombreuses parties concernées par l’élément et sa sauvegarde (telles que les représentants d’organisations non gouvernementales et représentants gouvernementaux locaux) ;

U.5 :  L’élément a été inscrit, en 2014, à l’inventaire, tenu et mis à jour tous les ans par le Ministère de l’égalité homme-femme, du travail et du développement social, avec la participation de la communauté madi et des parties concernées.

  1. Inscrit la danse et musique de lyre arquée ma’di sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Félicite l’Ouganda pour la soumission d’une proposition d’inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente suite à l’assistance préparatoire accordée ;
  3. Invite l’État soumissionnaire à accorder une attention particulière à la possibilité de matériaux alternatifs pour pallier le manque de matières premières nécessaires à l’élément et à étudier la faisabilité à long terme du plan de sauvegarde pour assurer la viabilité de l’élément.

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