Décision du Comité intergouvernemental : 10.COM 10.a.5

Le Comité

  1. Prend note que la Mongolie a proposé la candidature du rituel pour amadouer les chamelles (n  01061) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

Ce rituel permet aux bergers mongols d’encourager les chamelles à accepter leur nouveau-né ou à adopter un chamelon orphelin. La mère est attachée près du petit et un chanteur entonne doucement sa mélopée monocorde, qu’il accompagne de gestes et de sons. L’amadoueur peut adapter la mélodie en fonction de la réaction de la chamelle, qui peut se faire agressive, puis l’amadoue peu à peu pour lui faire accepter le petit. Le rituel débute à la nuit tombante ou au crépuscule et nécessite un grand savoir-faire pour la prise en charge des chameaux, ainsi qu’un don pour le chant ou des compétences musicales comme le violon à tête de cheval ou la flûte. La plupart des bergères appliquent des techniques et des méthodes pour amadouer, mais des amadoueurs professionnels peuvent être sollicités si aucun chanteur ou musicien n’est disponible dans la communauté locale. Le rituel constitue un moyen symbolique de créer et de maintenir les liens sociaux au sein des familles nomades et de leurs communautés. Il est transmis par les parents et les anciens aux plus jeunes par le biais d’un apprentissage domestique. Des changements dans le paysage social et culturel menacent cependant sa viabilité. Aujourd’hui, les motos sont préférées aux chameaux comme moyens de transport, et une migration croissante vers les centres urbains a eu pour effet de réduire le nombre de jeunes bergers et bergères. Le nombre de détenteurs culturels diminue par conséquent rapidement, au fur et à mesure que les jeunes générations s’éloignent de ce qui les liait traditionnellement au mode d’élevage pastoral.

  1. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :

U.1 :  Transmis oralement des anciens aux jeunes, le rituel pour amadouer témoigne du lien entre l’humain et l’animal dans une communauté pastorale soumise à un rude climat, et joue un rôle de premier plan comme vecteur d’éducation des jeunes générations à la culture et à l’économie nomades, procurant ainsi à la communauté un sens d’identité et de continuité ;

U.2 :  Malgré les efforts de sa communauté pour faire vivre l’élément, la viabilité de ce dernier est menacée par le déclin du mode de vie nomade, le remplacement des chameaux par les motos, le développement d’exploitations minières offrant des emplois plus lucratifs, la séparation des enfants et des jeunes de leurs familles du fait de leur scolarité, une migration croissante des campagnes vers les villes et le déclin du nombre de musiciens et de types d’instruments de musique nécessaires à la pratique du rituel ;

U.3 :  Le plan de sauvegarde comporte un volet de formation des apprentis aux techniques pour amadouer et jouer de la musique dispensée par les détenteurs de la tradition, une étude approfondie du rituel conduite par une équipe de chercheurs et diverses activités de sensibilisation, de diffusion et de promotion de l’élément au niveau national et local ; la communauté de praticiens a été activement impliquée dans la planification et jouera un rôle important à la fois dans la mise en œuvre et le suivi des mesures de sauvegarde, tandis que les organes gouvernementaux assureront la coordination entre les parties concernées et la gestion des ressources disponibles ;

U.4 :  Un groupe de détenteurs réputés de la tradition a été à l’origine du développement de la candidature, processus dans lequel il s’est activement impliqué, tandis que d’autres individus, familles et communautés locales concernés s’y sont progressivement joints ; des attestations nombreuses et variées de consentement libre, préalable et éclairé à la candidature ont été fournies par les détenteurs de l’élément et les responsables des bureaux gouvernementaux locaux.

U.5 :  L’élément figure sur la Liste nationale du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, qui est maintenue par le Centre du patrimoine culturel de la Mongolie.

  1. Inscrit le rituel pour amadouer les chamelles sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Félicite l’État partie pour les améliorations substantielles apportées à la candidature initialement soumise en 2011, notamment en stimulant une participation active des détenteurs et des communautés concernées dans le processus de candidature et en fournissant un large éventail d’attestations de consentement libre, préalable et éclairé ;
  3. Apprécie le soutien de l’État partie envers un élément qui témoigne de la relation entre humains et animaux et de la créativité, dans une culture confrontée à une transformation accélérée de son système socio-écologique.

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