Décision du Comité intergouvernemental : 8.COM 7.a.7

Le Comité

  1. Prend note que le Kenya a proposé la candidature d’Enkipaata, Eunoto et Olng’esherr : trois rites de passage masculins de la communauté masaï (n  00887) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

Entre 15 et 30 ans, les jeunes gens de la communauté masaï sont soumis à trois rites de passage masculins liés les uns aux autres. L’objectif de ces rites est de transmettre les valeurs de la société et d’éduquer les initiés à leurs responsabilités d’homme dans la société masaï. Le premier rite, Enkipaata, initie les garçons au statut de jeunes guerriers, qui doivent alors laisser pousser leurs cheveux et s’établir dans un village reculé où ils travaillent, prennent leurs repas et assurent les tâches quotidiennes de manière collective. Ils y reçoivent une instruction orale sur les rituels masaïs, l’élevage du bétail, les liens familiaux et la gestion et le règlement des conflits, qui leur est transmise à travers des leçons, des chants, des contes populaires, des proverbes et des énigmes. Le deuxième rite, appelé Eunoto, est caractérisé par le rasage des cheveux, rituel qui marque le passage à l’âge adulte. Enfin, le troisième rite, Olng’esherr, est une cérémonie au cours de laquelle on mange de la viande et qui marque l’acquisition du statut de sage. Les femmes construisent des huttes pour les initiés, fabriquent des objets symboliques, préparent les repas, assurent les danses et les chants, et rasent les cheveux des initiés. Ces rites procurent aux Masaïs un sentiment d’identité et de continuité culturelle, et renforcent l’unité et la cohésion. De nos jours, la transmission s’atténue en raison d’une baisse de fréquence de la pratique, et d’une diminution du nombre de participants et d’initiés, et la transition vers une économie agricole se fait au détriment des terres autrefois utilisées pour les rites.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente suivants :

U.1 :  Partie intégrante du tissu socioculturel de la communauté masaï, les trois rites de passage masculins facilitent la transmission intergénérationnelle des valeurs et des savoirs, contribuant à intégrer les jeunes dans la société masaï et à leur procurer un sentiment d’identité ;

U.2 :  Malgré les efforts déployés par la communauté, la pratique et la transmission de l’élément déclinent en raison des changements intervenus dans le système foncier, du passage d’un mode de vie pastoral à un mode de vie agricole, du changement climatique, de la migration pour la recherche d’emploi ainsi que de la valeur croissante accordée à l’éducation formelle ;

U.5 :  L’élément est inclus dans l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel du Kenya géré et mis à jour par le Ministère d’État du patrimoine national et de la culture ;

  1. Décide en outre que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature ne satisfait pas aux critères d’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente suivants :

U.3:   Les mesures de sauvegarde proposées telles que celles axées sur le renforcement des capacités et la participation des communautés masaï ainsi que sur le mentorat des jeunes par les plus âgés présentent certains points forts ; cependant d’autres mesures ne sont pas clairement définies – notamment le rôle des centres culturels dont la construction est prévue – et l’utilité d’inventorier et de cartographier les lieux de pratique et de transmission de l’élément n’est pas démontrée ; le financement des activités repose essentiellement sur la mobilisation des ressources de la communauté et sur l’aide financière de l’UNESCO, qui n’est pas acquise, et l’engagement de l’État n’est pas bien démontré ;

U.4:   La participation la plus large possible au processus de candidature des groupes et praticiens concernés de la communauté masaï, notamment des jeunes, n’est pas démontrée ; la preuve du consentement libre, préalable et éclairé a été fournie par neuf groupes masaï, cependant seul un d’entre eux est indiqué en tant qu’organisme communautaire ou représentant des communautés concernées ;

  1. Décide de ne pas inscrire Enkipaata, Eunoto et Olng’esherr : trois rites de passage masculins de la communauté masaï sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Reconnaît les efforts déployés actuellement par l’État partie pour sauvegarder ces rites de passage qui représentent un aspect important du fonctionnement social et culturel de la communauté masaï et pour identifier les sérieuses menaces auxquelles l’élément fait face du fait de la modification des systèmes fonciers et du changement climatique ;
  3. Note que cette candidature fait suite à une première soumise en 2011 et retirée par l’État partie après avis défavorable de l’Organe consultatif sur les critères U.1, U.3 et U.4 ;
  4. Félicite l’État partie pour l’amélioration de la description de l’élément et pour l’utilisation d’une vidéo comme preuve du consentement des communautés ;
  5. Rappelle à l’État partie que l’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente n’implique pas l’octroi automatique d’une aide financière de l’UNESCO ;
  6. Encourage l’État partie à mieux impliquer la communauté pour définir clairement les mesures de sauvegarde appropriées à mettre en place et son rôle dans ce processus, en incluant tous les segments de la communauté et en particulier les différentes classes d’âge, ainsi qu’à s’assurer de leur pleine participation dans le processus de candidature proprement dit.

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