Décision du Comité intergouvernemental : 8.COM 7.a.2

Le Comité

  1. Prend note que le Botswana a proposé la candidature du seperu, danse populaire de la communauté basubiya du district de Chobe au Botswana, et les traditions et pratiques associées (n  00902) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

La danse du seperu constitue une partie essentielle des traditions et des pratiques des Basubiya. Elle est principalement exécutée lors de l’initiation des filles, le couronnement des chefs basubiya, les cérémonies de mariage et d’autres événements festifs. Pendant les spectacles, le danseur dirige deux femmes en agitant un chasse-mouches pour contrôler le mouvement et la direction de ses partenaires. Les couples de femmes se relaient régulièrement, démontrant chacune leurs talents de danseuses. L’élément distinctif est la tenue de la femme, qui est composée de huit jupons pouvant se soulever de manière à former une queue de paon lorsque les danseuses se déplacent d’avant en arrière et effectuent de légers mouvements de la taille en secouant les épaules. Un groupe de chanteurs entoure les danseurs en chantant et en frappant des mains tout au long du spectacle. La plupart des praticiens sont âgés de 50 à 70 ans et participent aux danses à temps partiel. Les compétences et les connaissances sont transmises aux membres de la famille proche, oralement et par l’observation. Toutefois, la pratique est en déclin. Les rares personnes qui pratiquent activement le seperu sont des femmes âgées, et seuls vingt-cinq hommes y participent de manière active. En outre, le désintérêt des jeunes générations pour l’apprentissage de la danse et leur migration à des fins professionnelles se sont traduits par un déclin important de la transmission.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente suivants :

U.2 :  La danse nécessite une sauvegarde urgente car ses praticiens actifs sont tous âgés ; la baisse du niveau de participation des hommes et le désintérêt des jeunes pour l’apprentissage des mouvements de la danse constituent une menace pour sa viabilité ;

U.5 :  Lors du projet d’inventaire avec le concours de la communauté, qui a été lancé en juillet 2011, la danse populaire du seperu a été incluse dans l’Inventaire des éléments du patrimoine culturel immatériel du district de Chobe en vue d’être actualisée par la communauté basubiya en collaboration avec le Comité du patrimoine culturel immatériel et le Département des arts et de la culture ;

  1. Décide en outre que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature ne satisfait pas aux critères d’inscription sur la Liste de sauvegarde urgente suivants :

U.1:   Les caractéristiques de la danse seperu et des pratiques et traditions qui y sont associées ne sont pas décrites précisément et de plus amples détails sont nécessaires concernant la nature des chants et des textes, la symbolique de la chorégraphie et des costumes, pour définir les fonctions sociales et éducatives et les significations culturelles de l’élément ; nombre d’affirmations ne sont pas étayées ;

U.3:   Les mesures de sauvegarde proposées telles que la création de festivals culturels ou de produits dérivés ne répondent pas de manière adéquate aux menaces apparentes qui pèsent sur l’élément, en particulier pour ce qui est du besoin de renforcer la transmission, et d’autres mesures pour encourager sa pratique continue dans son contexte traditionnel font défaut ; les mesures sont vagues, conçues de manière descendante, et n’explicitent pas comment elles seront mises en œuvre et bénéficieront à l’élément et à la communauté ; le budget ne paraît pas réalisable, les sources de financement ne sont pas identifiées et aucun calendrier n’est proposé ; en outre, certaines mesures sont identiques à celles d’un autre dossier et ne semblent pas refléter la situation et les exigences spécifiques de l’élément ;

U.4:   Bien que la candidature mentionne la participation de différentes parties concernées à l’élaboration du dossier de candidature, elle n’apporte pas d’informations sur l’implication réelle de la communauté au-delà de sa présence à des ateliers et de son consentement à la candidature ;

  1. Décide de ne pas inscrire le seperu, danse populaire de la communauté basubiya du district de Chobe au Botswana, et les traditions et pratiques associées sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Prend note avec satisfaction de la préoccupation de l’État partie à l’égard d’une communauté rurale sous pression économique et de son engagement à renforcer la pratique du patrimoine culturel immatériel chez ses plus jeunes membres ;
  3. Encourage l’État partie, s’il souhaite soumettre une nouvelle candidature, à fournir une description précise et détaillée de l’élément qui tienne pleinement compte de ses dimensions musicales et poétiques, ainsi que des « traditions et pratiques associées » figurant dans l’intitulé ;
  4. Rappelle à l’État partie que la candidature doit expliquer clairement les fonctions sociales de l’élément et ses significations culturelles pour la communauté basubiya, et expliquer en des termes plus spécifiques les menaces qui pèsent sur l’élément ;
  5. Recommande à l’État partie de proposer un plan de sauvegarde réaliste qui permettra de faire face à des menaces particulières et de produire des résultats concrets grâce à des activités détaillées, un calendrier précis et un budget réalisable énonçant les sources de financement, y compris en nature ;
  6. Rappelle que chaque élément nécessite ses propres mesures de sauvegarde, guidées par la communauté et répondant à ses besoins, et que des mesures génériques communes applicables à de multiples candidatures ne sauraient être suffisantes.

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