Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.b.5

Le Comité

  1. Prend note que les Philippines ont proposé la candidature du tissage à la main de la piña des Aklanons (n  01564) en vue de son inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

La piña est un textile fabriqué à partir de fibres de feuilles d’ananas et tissé à l’aide d’un métier à tisser manuel. Les agriculteurs récoltent les feuilles du pinya bisaya, une espèce spécifique d’ananas, puis en extraient les fibres à la main. Les fibres sont pesées à l’aide d’une unité de mesure locale et d’une méthode faisant appel à de vieilles pièces de monnaie aux dénominations différentes. Les connaissances et les compétences relatives au tissage artisanal de la piña se transmettent essentiellement au sein des familles. Les enfants grandissent en observant les membres plus âgés de la famille pratiquer la culture du pinya bisaya et le tissage de la piña, et finissent par apprendre l’artisanat en suivant leurs instructions. La pratique se transmet également dans les écoles de traditions vivantes, qui ont été créées par les communautés locales en partenariat avec le gouvernement pour contribuer à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel aux Philippines. Certains instituts proposent des formations aux pratiques agricoles et au tissage. Source de fierté et marqueur identitaire fort, la piña est le plus apprécié des textiles traditionnels des Philippines. Il s’agit du textile de prédilection pour la confection de vêtements de cérémonie et d’un vecteur d’innovation et de créativité, car les praticiens développent constamment de nouveaux dessins et motifs tout en préservant les anciens. C’est également une source de revenus qui contribue au développement durable et à l’émancipation sociale et économique des familles et des communautés locales.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  L’élément consiste à tisser des étoffes avec des fibres provenant d’une espèce particulière d’ananas, le pinya bisaya. Les détenteurs et les praticiens se trouvent dans les communautés des Aklanons (un groupe ethnolinguistique des Philippines). Le tissage de la piña est considéré comme un héritage familial, chaque membre de la famille ayant un rôle distinct. Les tisserands experts des communautés, généralement des anciens, transmettent les connaissances et les compétences aux jeunes générations. Les jeunes membres de la famille grandissent en observant les plus âgés et apprennent le métier sous la tutelle de membres expérimentés. Cet élément est associé aux textiles traditionnels du pays. C’est le textile de prédilection pour la confection de vêtements de cérémonie portés lors d’occasions spéciales et cette matière est souvent considérée comme un reflet de la culture philippine. L’artisanat et le textile sont devenus une source de fierté et un marqueur d’identité pour les communautés des Aklanons, témoignant de leur créativité, de leur application et de leur interaction avec l’environnement. L’élément favorise un sentiment d’appartenance, de respect mutuel et d’interdépendance entre les praticiens et les détenteurs. Il s’agit d’une source de revenus qui contribue au développement durable et à l’émancipation sociale et économique des familles et des communautés locales. Il encourage également la production de produits écologiques et biologiques.

R.2 :  Aux niveaux local, national et international, l’inscription assurerait la visibilité et la sensibilisation au patrimoine culturel immatériel en général et à l’élément en particulier. Elle permettrait également de mieux faire connaître la manière dont l’élément contribue à l’identité des communautés, aux industries créatives et au développement durable. L’inscription susciterait la fierté, ce qui entraînerait une plus grande attention aux autres expressions du patrimoine vivant et inciterait à en apprendre davantage à leur sujet. L’inscription serait un motif de célébration nationale, car les vêtements fabriqués à partir de ces textiles sont portés dans tout le pays. Il permettrait également d’accroître les échanges interculturels et interpersonnels de compétences et d’expériences entre les Aklanons et d’autres communautés et provinces de tissage. Au niveau international, d’autres praticiens du tissage traditionnel reconnaîtraient leur travail en tant que patrimoine culturel immatériel et trouveraient des motivations pour le sauvegarder. La sensibilisation s’étendrait également à la diaspora philippine.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde passées et actuelles comprennent un large éventail d’actions visant à garantir la viabilité de l’élément ainsi que sa transmission aux jeunes générations. Les mesures de sauvegarde proposées sont guidées par l’objectif général de promouvoir des processus d’intégration sociale et de renforcer les valeurs communautaires en vue du développement durable des communautés. Les résultats escomptés sont au nombre de cinq : (a) l’implication des jeunes dans l’éducation culturelle et les programmes d’apprentissage ; (b) la sensibilisation du public ; (c) des normes de qualité durables ; (d) la création de centres d’évaluation ; et (e) l’amélioration des textiles tissés. Les détails, y compris les budgets, sont indiqués. Un ensemble d’organismes publics soutiendront la mise en œuvre des mesures de sauvegarde, qu’il s’agisse des acteurs du patrimoine ou des départements du tourisme et de l’aide sociale. Ces mesures ont été formulées dans le cadre de consultations et d’ateliers, auxquels ont participé principalement des femmes appartenant à des associations d’entraide de tisserands, des organisations de la société civile, des unités d’administration locales et d’autres agences gouvernementales.

R.4 :  La participation de la communauté est décrite en détail et atteste de l’implication de la communauté dans l’ensemble du processus de candidature. Des comités de travail spécialisés ont été mis en place et le processus de candidature a impliqué l’examen et la mise à jour de l’inventaire de l’élément, ainsi que la facilitation d’une série de consultations des communautés et de réunions et assemblées de validation avec les groupes et les individus concernés. Une série de lettres confirme le consentement libre, préalable et éclairé des associations des communautés et l’approbation institutionnelle des organismes compétents.

R.5 :  Depuis 2013, l’élément est inscrit à l’inventaire philippin du patrimoine culturel immatériel, supervisé par la Commission nationale pour la culture et les arts aux Philippines. Il a été identifié et défini par les praticiens Aklanons, qui ont discuté de l’identification, de la description, de la viabilité, de la durabilité, des menaces et de la sauvegarde de l’élément avant de l’inclure dans l’inventaire. Les organisations des communautés et de la société civile ont également participé aux activités d’inventaire. L’inventaire est mis à jour et approuvé chaque année avec le concours des praticiens.

  1. Décide d’inscrire le tissage à la main de la piña des Aklanons sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite l’État partie pour un dossier bien préparé qui se caractérise par une large implication des communautés, groupes et individus concernés et par un plan de sauvegarde bien conçu.

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