Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.b.26

Le Comité

  1. Prend note que la Colombie, Chypre, l’Allemagne, le Kirghizistan, le Luxembourg, le Nigéria, la Slovénie et le Togo ont proposé la candidature de la maïeutique: connaissances, savoir-faire et pratiques (n  01968) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Les sage-femmes accompagnent les femmes enceintes et leur famille avant, pendant et après l’accouchement. Tout au long de la grossesse, les sage-femmes font des visites à domicile, prodiguent des conseils et des soins, et dispensent des cours de préparation à l’accouchement. Elles contribuent à la protection de droits humains fondamentaux en transmettant leurs connaissances aux mères et aux familles. Reposant sur des pratiques médicinales et fondées sur des données probantes, des connaissances, savoir-faire et techniques traditionnelles, la maïeutique peut varier suivant l’environnement naturel et socioculturel des communautés et des pays et peut parfois inclure des connaissances en médecine traditionnelle et sur les plantes et herbes médicinales. La maïeutique comprend également des pratiques culturelles, un vocabulaire, des célébrations et des rituels spécifiques. Les connaissances et les savoir-faire concernés ont été sauvegardés, enrichis et transmis par des générations de praticien(ne)s, notamment, au sein de réseaux de femmes. Les connaissances traditionnelles en maïeutique ont été acquises par l’expérience l’observation et l’interaction directes avec le corps humain. Elles se transmettent par l’enseignement oral, l’observation, la participation et l’échange entre pairs. Dans de nombreux pays, l’exercice de la profession de sage-femme requiert également une certification, et les connaissances et savoir-faire correspondants sont transmis dans le cadre de l’éducation formelle, notamment académique, à partir de programmes, parfois alignés sur les normes établies par la Confédération internationale des sage-femmes.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  Les réseaux de femmes jouent un rôle important dans la transmission des connaissances et des compétences de la profession de sage-femme, dans un cadre d’éducation formelle comme informelle. Les connaissances ne sont pas seulement transmises entre sage-femmes, mais aussi des sage-femmes aux mères et aux familles. Bien que la plupart des sage-femmes soient des femmes, la pratique est ouverte à tous. Les sage-femmes peuvent exercer leurs compétences individuellement, en groupe ou en association. La Confédération internationale des sage-femmes est une organisation importante au niveau international. Cet élément présente des caractéristiques diverses dans les États soumissionnaires, mais les fonctions sociales et culturelles communes suivantes ressortent : (a) l’accompagnement des femmes et des familles tout au long du processus de la naissance en tant que processus de transition qui bouleverse la vie ; (b) son rôle par rapport aux liens, aux relations et à la cohésion sociale ; (c) son rôle dans le renforcement de l’autonomie et la promotion des droits humains ; et (d) son rôle dans la promotion de l’émancipation des femmes et le partage des responsabilités parentales. La profession de sage-femme est fondée sur le consentement et essentielle à la promotion des droits des femmes, des droits sexuels et reproductifs et de l’égalité entre les hommes et les femmes en tant que facteur de développement durable.

R.2 :  L’inscription de la profession de sage-femme, une pratique socioculturelle profondément enracinée, favoriserait une perception plus intégrée et holistique du patrimoine culturel immatériel au niveau local. L’inscription permettrait de sensibiliser au rôle de leader que jouent de nombreuses femmes dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au niveau local. Elle permettrait de mieux comprendre, à l’échelle nationale, les pratiques qui lient le patrimoine culturel et la santé, ainsi que leur contribution au développement durable. L’élément peut donc également être relié aux stratégies nationales de développement durable qui contribuent à sa sauvegarde d’une manière plus cohérente et holistique. Il peut également renforcer la compréhension du patrimoine culturel immatériel en tant que facteur clé de la cohésion sociale. Le caractère intercontinental de l’inscription renforcera la visibilité de la Convention et soulignera combien le partage du patrimoine vivant peut unir de multiples communautés dans les États soumissionnaires tout en reconnaissant leur diversité. L’inscription encouragerait le dialogue entre les sage-femmes, les futurs parents, les groupes de femmes, les ONG, les décideurs et les communautés locales. Plus important encore, elle favoriserait le dialogue et créerait des synergies entre les parties prenantes de différents domaines, notamment la santé, la culture et les affaires sociales.

R.3 :  La viabilité de l’élément a été maintenue par une pratique et une transmission continues. Les mesures de sauvegarde passées et actuelles comprennent la recherche, la documentation et les activités, et le dossier de candidature énumère des exemples provenant des différents États soumissionnaires. Les mesures prises par les États vont de l’action législative à l’organisation d’un enseignement et d’une formation professionnelle sur le métier de sage-femme. Les mesures de sauvegarde proposées sont réparties en trois catégories : (a) transmission et renforcement des capacités ; (b) recherche, documentation et identification ; et (c) promotion, valorisation et sensibilisation. Le soutien de l’État concerne l’aide à la préparation de la candidature, l’engagement à soutenir les actions de sauvegarde, les mesures législatives et les efforts dans le domaine de l’éducation. Les communautés, les groupes et les individus de tous les États soumissionnaires ont été activement impliqués tout au long du processus de préparation du dossier de candidature. Les parties prenantes ont eu plusieurs fois l’opportunité d’exprimer leurs idées et de concevoir des mesures de sauvegarde qu’elles mettront ensuite en œuvre elles-mêmes.

R.4 :  La participation de la communauté au processus de candidature comporte une composante internationale et nationale. La coopération internationale faisait déjà partie des modalités d’échange entre les praticiens. Plusieurs communautés ont plaidé en faveur d’une candidature multinationale. Depuis 2017, l’idée circule parmi les réseaux internationaux de sages-femmes. La mise en place d’un groupe de travail sur la candidature, l’organisation d’une conférence et la création d’un groupe éditorial ont eu pour objectif d’assurer une représentation équilibrée de la communauté et de recueillir des contributions pour la candidature. Le dossier de candidature fournit des informations sur les différents processus nationaux de préparation de son contenu, y compris l’implication des parties prenantes concernées. Le consentement libre, préalable et éclairé est attesté par des enregistrements vidéo et un large éventail de lettres de soutien. Certains aspects de la profession de sage-femme, liés à la vie privée pendant l’accouchement et la naissance ou à des connaissances dont l’accès est limité, resteront confidentiels grâce à des mesures appropriées.

R.5 :  Le dossier fournit la preuve de l’inclusion de l’élément dans les inventaires nationaux des huit États soumissionnaires, y compris les numéros de référence et les dates d’inclusion. Les organismes responsables des inventaires sont énumérés. Les processus de définition, d’identification et de mise à jour sont décrits de manière adéquate et attestent de la participation des communautés, groupes et individus concernés au processus.

  1. Décide d’inscrire la maïeutique: connaissances, savoir-faire et pratiques sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite les États parties pour un dossier et une vidéo bien préparés qui soulignent l’égalité des genres, les savoirs traditionnels, les soins de santé pour les femmes et la contribution du patrimoine vivant à la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable ;
  3. Félicite en outre les États parties pour ce dossier qui peut servir d’exemple aux dossiers multinationaux, impliquant des pays de cinq des six groupes électoraux.

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