Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.b.20

Le Comité

  1. Prend note que l’Azerbaïdjan et la Türkiye ont proposé la candidature de l’artisanat et l’art de jouer du balaban/mey (n  01704) en vue de son inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le balaban (en Azerbaïdjan) ou le mey (en Türkiye) est un instrument à vent séculaire composé de trois parties : un corps, une anche double, large et plate, et une pince. L’instrument est traditionnellement fabriqué en bois de prunier ou d’abricotier et enduit d’huile de lin ou d’huile d’olive. Après séchage, les artisans percent plusieurs trous à l’avant du corps et un trou à l’arrière. La taille, le nombre de trous et les matériaux utilisés varient selon les régions. Les connaissances, les compétences et les techniques de fabrication et de jeu du balaban se transmettent généralement de manière informelle au sein des familles, par l’observation et l’expérience pratique, ainsi que par l’apprentissage formel. La pratique musicale se transmet également de manière formelle dans les universités et les écoles secondaires, les conservatoires de musique traditionnelle, les institutions et les communautés musicales étudiantes. Le balaban joue un rôle important dans les cultures musicales de l’Azerbaïdjan et de la Türkiye. Il est couramment utilisé comme instrument soliste ou d’accompagnement lors de fêtes folkloriques, de mariages et de concerts. Il constitue un élément essentiel de l’identité et de la mémoire collective de ses musiciens et artisans, ainsi qu’un moyen important de promouvoir l’identité culturelle, la solidarité et la mémoire sociale dans les deux pays, des personnes de tous âges, genres, milieux socio-économiques et ethnies se rassemblant pour écouter les représentations et y participer.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 :  Les détenteurs sont les artisans qui fabriquent l’instrument et les différents groupes et individus qui en jouent. Les connaissances, les compétences et les techniques d’artisanat et d’interprétation du balaban/mey se transmettent de manière informelle au sein des familles, oralement et par l’observation et la pratique, ainsi que par l’apprentissage formel. L’élément se transmet également dans les écoles et les conservatoires de musique et par le biais de spectacles. L’élément joue un rôle important dans les pratiques sociales et la promotion de la mémoire sociale et de l’identité culturelle. Il est joué lors de fêtes folkloriques, de mariages et de concerts, et fait partie intégrante des orchestres, des musiciens et des groupes folkloriques. Le son du balaban/mey est perçu comme apaisant et procurant un soulagement psychologique. L’artisanat et l’art du spectacle liés au balaban/mey favorisent la cohésion sociale entre les communautés concernées.

R.2 :  Au niveau local, l’inscription accroîtrait la visibilité d’autres éléments du patrimoine culturel immatériel, tels que l’artisanat et les arts du spectacle, dans les zones rurales et urbaines. La promotion médiatique qui en résulterait aurait un impact positif en termes de visibilité et de sensibilisation et pourrait inciter d’autres communautés à identifier et à sauvegarder leur patrimoine vivant. Au niveau national, l’inscription mettrait en évidence le rôle des instituts d’enseignement musical dans la transmission et la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Au niveau international, l’inscription de ce dossier multinational mettrait également en évidence le rôle de la Convention de 2003 dans l’union des pays dans leurs efforts pour sauvegarder le patrimoine vivant commun. Il encouragerait également d’autres parties prenantes en Türkiye et en Azerbaïdjan à soutenir conjointement les activités de sauvegarde, tout en renforçant le respect de la diversité du patrimoine vivant au sein des différentes communautés. L’inscription favoriserait les échanges et la collaboration en vue de la transmission et de la sauvegarde du patrimoine vivant. L’inscription favorisera également le dialogue intergénérationnel et les relations maître-élève.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde passées et actuelles portent sur la promotion de l’élément par le biais de formations, de manuels, de recherches et de cours privés. Les mesures de sauvegarde proposées portent sur la transmission, l’éducation, le renforcement des capacités, la documentation, la recherche, l’inventaire et la sensibilisation. D’autres mesures comprennent des ateliers, un symposium, des recherches, des programmes d’échange et des concerts, ainsi que la garantie d’un échange régulier d’informations afin de contrôler l’impact de l’inscription. Dans les deux pays, l’État soutient les efforts de sauvegarde en coordonnant les agences d’État, en attribuant des fonds et en effectuant un travail d’archivage. Pour les mesures conjointes, des mécanismes de soutien, un réseau et des efforts de coordination seront mis en place. En Azerbaïdjan, des membres de la communauté et des organisations ont été impliqués dans les réunions préparatoires relatives aux mesures de sauvegarde, et un groupe de travail a examiné les propositions. En Türkiye, le Ministère de la culture a organisé des réunions bilatérales avec des détenteurs, des praticiens et des universitaires. Un groupe de travail a élaboré les mesures de sauvegarde.

R.4 :  En Azerbaïdjan, un groupe de travail composé de communautés, d’autorités nationales et locales et d’experts a été constitué pour préparer le dossier de candidature. En Türkiye, le Ministère de la culture et du tourisme a organisé des réunions bilatérales avec des détenteurs, des praticiens et des universitaires pour préparer le dossier de candidature. Les représentants des parties prenantes de Türkiye et d’Azerbaïdjan se sont réunis en février 2020 à Bakou pour préparer la proposition de candidature conjointe. Le contenu du dossier de candidature a été approuvé et finalisé par courrier électronique et lors de réunions en ligne nationales et internationales avec des représentants d’ONG, des artisans et des artistes-interprètes.

R.5 :  En 2020, l’élément a été inscrit au registre du patrimoine culturel immatériel de la République d’Azerbaïdjan, géré par le Ministère de la culture de la République d’Azerbaïdjan. Plusieurs praticiens et organisations concernées ont participé à l’inscription et à la définition de l’élément. Cet inventaire est revu et mis à jour tous les trois ans, sur la base des propositions des communautés, des ONG et des praticiens. Depuis 2020, l’élément fait partie de l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel de Türkiye, qui est géré par le Ministère de la culture et du tourisme, la direction générale de la recherche et de la formation, la commission d’évaluation du patrimoine culturel immatériel et les conseils locaux du patrimoine culturel immatériel de Türkiye. Deux fois par an, des réunions sont organisées pour réviser et mettre à jour l’inventaire national. Les conseils locaux du patrimoine culturel immatériel jouent un rôle crucial dans la mise à jour des inventaires, en étroite collaboration avec les communautés. Au Ministère de la culture, la commission d’évaluation décide de l’inscription des éléments dans l’inventaire, et évalue et adopte les demandes de mise à jour. Les demandes sont approuvées par le Ministre de la Culture et du tourisme et publiées dans l’inventaire.

  1. Décide d’inscrire l’artisanat et l’art de jouer du balaban/mey sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite les États parties pour la mise en œuvre conjointe des mesures de sauvegarde passées et actuelles.

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