Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.a.6

Le Comité

  1. Prend note que le Paraguay a proposé la candidature des techniques ancestrales et traditionnelles d’élaboration du « Poncho Para’i de 60 Listas » de la ville de Piribebuy, République du Paraguay (n  01992) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

Le Poncho Para’í de 60 Listas de Piribebuy est un vêtement artisanal paraguayen composé de trois parties : le corps, les franges et la fajita (bordure). Chaque partie est confectionnée selon des procédures artisanales différentes et réalisées par les tisserandes de manière collaborative. Pour créer le poncho, les praticiennes tissent trois types de fils de coton, correspondant aux trois parties du vêtement. Chaque tisserande fabrique une partie du poncho et se spécialise dans l’un des procédés. Si les tisserandes ont leur propre style et leurs propres dessins, elles développent aussi des compétences pour le travail en équipe afin de gagner du temps et des ressources, avec pour but ultime de maintenir la qualité du produit. Les matériaux associés à la création du poncho, y compris le fil, les palettes et les chaises en bois, sont également fabriqués à la main. Historiquement, les techniques ancestrales d’abord utilisées par les peuples autochtones ont été transmises oralement par les mères tisserandes à leurs filles, par l’observation et la pratique. Aujourd’hui, l’École pour la sauvegarde aide également les tisserandes à transmettre leurs connaissances aux générations suivantes. Symbole d’unité et d’identité de la ville de Piribebuy, le Poncho Para’í de 60 Listas est reconnu au niveau national pour son style et son originalité.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :

U.1 :  L’élément implique les techniques de tissage artisanal de trois types de fils de coton, correspondant aux parties qui composent le poncho. Il s’agit d’une pratique collaborative, réalisée par des femmes, dont le rôle dans la transmission est un pilier fondamental de la sauvegarde de l’élément. Les rôles des femmes sont liés à leur niveau d’expérience. Certains possèdent les connaissances et les savoir-faire nécessaires pour produire un poncho entier, tandis que d’autres maîtrisent les savoir-faire nécessaires pour créer l’un des composants du poncho. Des stagiaires sont également engagés dans l’École de sauvegarde récemment créée. Aujourd’hui comme hier, les connaissances et les savoir-faire correspondants sont transmis par l’observation et la pratique, et impliquent également un travail d’équipe. Il n’y a pas de guides ou de manuels. Ce vêtement représente l’identité paraguayenne et est un symbole de l’unité de la ville de Piribebuy et du peuple indigène du Paraguay. L’élément permet aux femmes de s’émanciper et offre des opportunités de travail et des revenus durables à ses praticiens.

U.2 :  L’élément nécessite une sauvegarde urgente en raison de l’état de santé et du faible nombre de praticiens, dont la plupart sont d’un âge avancé. Seuls deux d’entre eux sont en mesure de démontrer toutes les composantes de l’élément. La demande pour cet élément diminue en raison de son coût, et seules les populations les plus aisées peuvent se l’offrir. Les coûts sont influencés par l’importation de matières premières de haute qualité en provenance du Pérou. En outre, les jeunes générations ne sont guère intéressées par l’apprentissage et la pratique de cet élément en raison de sa faible capacité à générer des revenus. L’élément est également affecté par le manque de compétences en matière de promotion et de marketing dont disposent les praticiens, ce qui limite le potentiel de commercialisation.

U.3 :  Les mesures de sauvegarde passées et actuelles comprennent la déclaration de l’élément en tant que patrimoine immatériel paraguayen, la désignation d’un praticien en tant que trésor humain vivant et la création d’une école de sauvegarde. D’autres mesures telles que la collecte de données, des festivals, des célébrations et des ateliers de sensibilisation ont également eu lieu. Le plan de sauvegarde proposé a cinq objectifs : (a) promouvoir l’intérêt pour l’élément ; (b) rechercher et diffuser des connaissances et des données sur l’élément ; (c) inclure les techniques dans les programmes scolaires ; (d) encourager et créer des moyens pour que les tisserands obtiennent un revenu équitable pour leur travail ; et (e) réduire les coûts des matières premières. Le dossier détaille les activités liées au plan de sauvegarde et démontre leur faisabilité.

U.4 :  Le dossier explique l’implication de divers praticiens, y compris dans des ateliers pour les artisans locaux. Diverses réunions ont été organisées afin d’identifier les problèmes existants et les différentes actions nécessaires à la sauvegarde des techniques ancestrales. Parmi les autres efforts, citons les réunions organisées en 2018 pour rédiger le formulaire de candidature, avec la participation de l’experte en artisanat Rosa Segovia, entre autres. Les artisans et le Comité national pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ont participé à deux réunions en juillet 2021 afin de rédiger le formulaire de candidature. Les communautés ont fourni des lettres de consentement.

U.5 :  L’élément a été inscrit au « Registre des biens du patrimoine culturel national » en mars 2022. Le registre est tenu par le Secrétariat national de la culture par l’intermédiaire du Bureau général du patrimoine culturel. Des réunions, discussions et ateliers ont été organisés avec des praticiens, et des informations sur la connaissance de l’élément ont été fournies pour l’inventaire. Chaque élément de l’inventaire est révisé tous les deux ans.

  1. Décide d’inscrire les techniques ancestrales et traditionnelles d’élaboration du « Poncho Para’i de 60 Listas » de la ville de Piribebuy, République du Paraguay sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Prend note en outre que le Paraguay a demandé une assistance internationale du Fonds du patrimoine culturel immatériel d’un montant de 74 500 dollars des États-Unis pour la mise en œuvre du plan de sauvegarde pour les techniques ancestrales et traditionnelles d’élaboration du « Poncho Para’i de 60 Listas » de la ville de Piribebuy, République du Paraguay (n  02076) :

Mis en œuvre par le Secrétariat national de la culture en partenariat avec l’UNESCO, ce projet de dix-huit mois vise à assurer la transmission des connaissances et des techniques de fabrication du Poncho Para’í de 60 Listas. Il comporte des activités de promotion telles qu’une émission de télévision, une exposition permanente, des foires artisanales et un concours de tissage. Les maisons et les ateliers des fabricants de ponchos feront l’objet d’une publicité et d’une mise en valeur. Le projet prévoit également l’élaboration d’un programme académique pour l’école existante de sauvegarde du Poncho Para’í de 60 Listas. Des programmes de formation à l’entrepreneuriat, aux stratégies commerciales et à la gestion seront organisés pour soutenir la durabilité du processus de production. Ces programmes aboutiront au développement d’un système de certification et à la création d’une boutique en ligne gérée par les détenteurs de l’élément. Le projet devrait renforcer les capacités locales à poursuivre et à transmettre les techniques ancestrales de fabrication du poncho et permettre la création d’un réseau et d’une coopérative de tisserands. En outre, les activités mettront en évidence la valeur culturelle du poncho aux niveaux national et international et permettront d’identifier des activités de sauvegarde similaires pour d’autres éléments du patrimoine culturel immatériel du Paraguay.

  1. Considère en outre que, sur la base des informations contenues dans le dossier, la demande satisfait aux critères d’octroi de l’assistance internationale énoncés aux paragraphes 10 et 12 des Directives opérationnelles comme suit :

A.1 : Le dossier décrit l’implication de divers praticiens, y compris des ateliers pour les artisans locaux. Différents types de réunions ont été organisés afin d’identifier les problèmes existants et les différentes actions nécessaires à la sauvegarde des techniques ancestrales. D’autres efforts comprennent des réunions en 2018 pour rédiger le formulaire de candidature, avec la participation d’une experte en artisanat, Rosa Segovia, entre autres. Les artisans et le Comité national pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ont participé à deux réunions en juillet 2021 afin de rédiger la demande. Les programmes proposés profiteront aux communautés et aux praticiens existants et attireront de nouveaux détenteurs.

A.2 : Un budget détaillé est fourni. Le montant demandé et le calendrier de mise en œuvre semblent raisonnables. Le budget total du projet s’élève à 86 000 dollars, tandis que le montant demandé au Fonds est de 74 500 dollars. L’État partie contribuera à hauteur de 10 000 dollars et 1 500 dollars supplémentaires seront collectés séparément.

A.3 : Les menaces qui pèsent sur l’élément sont clairement définies et l’État partie a identifié les défis et proposé des activités de sauvegarde avec la participation des communautés. Les activités proposées contribueront à relever les défis, tels que le petit nombre de praticiens et le manque de transmission aux jeunes générations. Les actions de sauvegarde seront coordonnées par le Secrétariat national de la culture, dont le champ institutionnel politique et le niveau technique sont adaptés à cette tâche. Une commission spécifique sera créée et le bureau de l’UNESCO à Montevideo se chargera de la gestion administrative, y compris du suivi, de l’établissement des rapports et de l’évaluation.

A.4 : La formation et les activités prévues renforceront la communauté locale et lui permettront d’acquérir la capacité d’assurer la transmission des connaissances et des techniques associées à l’élément. Le dossier décrit également les effets multiplicateurs potentiels, tels que la création d’un réseau de tisserands et d’une coopérative.

A.5 : Le budget total du projet s’élève à 86 000 dollars. L’État partie a alloué environ 12 % du total des coûts prévus et utilise ses propres ressources institutionnelles à cette fin.

A.6 :  Le projet, par le biais des ateliers proposés, transmettra les connaissances correspondantes à de nouveaux détenteurs, assurant ainsi la continuité de l’élément. Le projet renforcera également les compétences des artisans et des praticiens en matière de gestion culturelle, d’affaires, de leadership et de prise de parole en public. Cela permettra aux artisans d’identifier et d’accéder à des opportunités pour promouvoir la continuité du commerce, en assurant leurs propres moyens de subsistance et ceux de leurs familles.

A.7 :  L’État demandeur n’a à ce jour bénéficié d’aucune assistance financière de l’UNESCO provenant du Fonds du patrimoine culturel immatériel de la Convention de 2003 pour la mise en œuvre d’activités dans le domaine du patrimoine culturel immatériel.

Paragraphe 10(a) : Un plan de sauvegarde a été élaboré par l’État et sera coordonné par le Secrétariat national de la culture, institution de rang ministériel dépendant de la Présidence de la République du Paraguay. Les activités proposées seront exécutées par la Direction générale du patrimoine culturel. Le bureau de l’UNESCO à Montevideo, en tant que dépositaire de l’aide financière, suivra la mise en œuvre du projet et des activités.

Paragraphe 10(b) : L’assistance aura plusieurs effets multiplicateurs. Elle sensibilisera et responsabilisera la communauté, assurant la continuité à long terme des projets dans le cadre du plan de sauvegarde. La transmission des connaissances ancestrales par l’École de sauvegarde et les méthodes traditionnelles se poursuivra. Les capacités de gestion des entreprises culturelles de la communauté seront renforcées, ce qui permettra de protéger et de sauvegarder le patrimoine culturel immatériel. Un réseau de tisserands sera créé et une coopérative de tisserands sera mise en place. Des actions similaires peuvent être mises en œuvre pour renforcer d’autres manifestations culturelles, tant au niveau local que national.

  1. Décide d’approuver la demande d’assistance internationale du Paraguay pour la mise en œuvre du plan de sauvegarde pour les techniques ancestrales et traditionnelles d’élaboration du « Poncho Para’i de 60 Listas » de la ville de Piribebuy, République du Paraguay et accorde le montant de 74 500 dollars des États-Unis à l’État partie à cette fin ;
  2. Demande au Secrétariat de se mettre d’accord avec l’État partie demandeur sur les détails techniques de l’assistance, avant et pendant la mise en œuvre du projet, en veillant en particulier à ce que le budget, le calendrier et le plan de travail des activités qui seront financées par le Fonds du patrimoine culturel immatériel soient suffisamment détaillés et précis pour justifier les dépenses ;
  3. Invite l’État partie à utiliser le formulaire ICH-04-Rapport pour rendre compte de l’utilisation de l’assistance accordée ;
  4. Félicite l’État partie pour la vidéo de bonne qualité qui fournit une présentation visuelle détaillée des pratiques culturelles associées à l’élément ;
  5. Rappelle à l’État partie de veiller à ce que les bénéfices du projet dureront au-delà de la fin du projet et à ce que la communauté participe pleinement aux efforts de sauvegarde.

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