Décision du Comité intergouvernemental : 18.COM 8.a.3

Le Comité

  1. Prend note que Djibouti a proposé la candidature du Xeedho (n  02001) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

Le Xeedho est un plat offert par une belle-mère à son gendre afin de célébrer la première semaine du mariage de sa fille. Il s’agit d’un récipient taillé dans un tronc d’arbre, destiné à contenir de petits morceaux de viande de dromadaire séchée, frits dans du beurre et conservés dans du ghee. Le récipient est placé à l’intérieur d’un panier, enveloppé de papier d’aluminium et décoré de cuir et de coquillages. L’ensemble est ensuite recouvert de tissu et placé à l’intérieur d’un sac fabriqué avec des tissus traditionnels représentant une tenue féminine. Des cordes tressées sont solidement nouées autour du Xeedho et les bouts sont soigneusement cachés. Partie intégrante de la cérémonie de mariage à Djibouti et objet de devinettes et de poèmes, le rituel de préparation et de confection du Xeedho est transmis de manière informelle au sein des familles, les filles assistant à la préparation du plat. La mère, les grands-mères, les sœurs et les tantes de la mariée s’investissent pleinement dans l’organisation des célébrations du mariage et dans la préparation du Xeedho, qui représente un engagement sur l’honneur de la mariée et de sa famille. Le Xeedho est également accompagné d’autres cadeaux pour les jeunes mariés. Un Xeedho soigneusement préparé et de grande qualité témoigne de la satisfaction de la belle-mère concernant son nouveau gendre, et renforce ainsi les liens sociaux entre les familles des mariés.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :

U.1 :  L’élément comprend les savoir-faire associés à la préparation du Xeedho, qui est offert par une belle-mère à son gendre le septième jour du mariage de sa fille. Il est pratiqué au sein de la communauté somalie de Djibouti et est réservé aux femmes ayant une expérience de la tradition. Les connaissances et savoir-faire associés sont transmis de manière informelle, des femmes à leurs filles et nièces. Cet élément fait partie de la cérémonie de mariage des jeunes mariés et sert à renforcer les liens sociaux entre les deux familles et la solidarité avec le couple. Cet élément est cohérent avec la promotion du respect mutuel.

U.2 :  Les communautés de détenteurs ont maintenu la pratique en dépit de la sécheresse et d’autres crises économiques qui ont un impact sur la tradition. Les principales menaces qui pèsent sur la viabilité de l’élément sont la diminution du nombre de praticiens et la baisse d’intérêt des jeunes générations pour la pratique de l’élément. Selon le dossier, la transmission s’affaiblit d’autant plus que les jeunes générations préfèrent offrir des objets culturels associés aux nouveaux contextes urbains. Les jeunes mariés privilégient également les plats urbains. Un cadre formel pour la transmission de l’élément fait également défaut. En conséquence, les adolescents et les enfants sont privés de la possibilité d’apprendre les pratiques liées au Xeedho.

U.3 :  Les travaux de sauvegarde passés et actuels sur l’élément sont soutenus par l’Assistance internationale du Fonds de la Convention pour l’inventaire et l’élaboration de plans de sauvegarde. D’autres initiatives comprenaient la sensibilisation et la recherche active de praticiens de l’élément. Le plan de sauvegarde proposé détaille huit objectifs, dont le but principal est de revitaliser la pratique. Les mesures comprennent la création d’une fédération, la formation des femmes, la conception de modules de sauvegarde, la mise en place de modes de transmission formels et la réalisation d’activités de recherche et de documentation. Le plan comprend les résultats visés, un calendrier détaillé des activités et les budgets proposés. Il comprend également une proposition d’évaluation et d’audit du plan de sauvegarde. Il a été élaboré en pleine coopération avec les détenteurs et les praticiens du Xeedho et sera mis en œuvre avec leur participation.

U.4 :  Le dossier de candidature comprend des preuves de la participation des communautés, des groupes et des individus concernés au processus de candidature tout au long de la procédure. À la suite de l’inventaire pilote établi début juillet 2020, la communauté a choisi l’élément parmi les éléments à inventorier. En outre, des réunions avec les praticiens et les gestionnaires locaux ont été organisées au cours du processus d’inventaire. Les participants se sont accordés sur la nécessité d’inscrire le Xeedho sur la Liste de sauvegarde urgente. Des vidéoconférences et des réunions ont été organisées pour informer les communautés de l’évolution du dossier. En février et mars 2022, des réunions de sensibilisation et d’information ont été organisées avec la participation active des praticiens. Au cours de ces réunions, des lettres attestant du consentement libre, préalable et éclairé à la candidature ont été recueillies, toutes émanant de femmes.

U.5 :  Le Xeedho fait partie d’un processus d’inventaire pilote en cours. Les informations sur l’élément ont été incluses en juillet 2020 et mises à jour pour la dernière fois en mars 2022. Le Département de la culture est l’organe responsable de l’inventaire. L’identification et la définition de l’élément ont été réalisées en collaboration avec cinq praticiennes. Des mises à jour auront lieu tous les deux ans, avec la participation des détenteurs et des praticiens.

  1. Décide d’inscrire le Xeedho sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Félicite l’Etat partie pour la soumission d’un dossier amélioré suite à la décision du Comité de renvoyer le dossier en 2021.

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