Décision du Comité intergouvernemental : 17.COM 7.b.41

Le Comité

  1. Prend note que l’Autriche, la Tchéquie, l’Allemagne, la Lettonie, la Pologne et l’Espagne ont proposé la candidature du radelage (n  01866) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le radelage en Autriche, en Tchéquie, en Allemagne, en Lettonie, en Pologne et en Espagne trouve son origine au Moyen Âge, lorsque les radeaux étaient utilisés pour transporter du bois, des marchandises et des personnes en utilisant les flux d’eau naturels. Autrefois, les radeleurs qui se rendaient dans des endroits reculés passaient des semaines à vivre et à travailler ensemble sur leur radeau. C’est ainsi qu’est née une communauté partageant les connaissances, les savoir-faire, les techniques et les valeurs de la fabrication et de la navigation des radeaux en bois. La tradition a été cultivée pendant des générations et reste fortement ancrée grâce à la communication orale, l’observation et la participation continues, notamment par le biais de camps de jeunes, d’écoles locales, de festivals et d’ateliers. Mesurant jusqu’à 600 mètres de long, 50 mètres de large et 2 mètres de haut, les radeaux en bois sont aujourd’hui principalement utilisés pour naviguer sur les rivières. Toutefois, le processus de construction reste le même et comprend la sélection du bois, son transport jusqu’à la rivière et l’assemblage des troncs pour former des radeaux. Le radelage favorise la collaboration et la cohésion sociale au sein des communautés participantes et entre elles, et est désormais ouvert aux praticiens de tous âges, genres, milieux sociaux et culturels. La protection de l’eau et des systèmes écologiques ainsi que l’utilisation durable du bois sont profondément ancrées dans cette pratique, et le partage régulier et animé des expériences enrichit le patrimoine et favorise les valeurs communes et les échanges culturels par-delà les frontières.

  1. Considère que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants pour une inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

R.1 : Le radelage désigne les savoirs et les savoir-faire traditionnels liés à la construction et à la navigation de radeaux de bois le long des rivages. La pratique inclut la construction des radeaux, le transport des grumes et une bonne connaissance de la nature. Les détenteurs de l’élément sont des radeleurs qui sont organisés en associations. L’élément implique des équipes de praticiens aux rôles variés, notamment des contremaîtres, des fabricants de frein, des veilleurs et des rameurs. Si l’élément était auparavant dominé par les hommes, les rôles ont évolué et le dossier et la vidéo décrivent la participation des femmes. Les savoirs et les savoir-faire sont transmis par les associations locales via des moyens formels et informels. Ces moyens prennent notamment la forme d’ateliers, de cours et de festivités. La fonction sociale de l’élément consiste à favoriser la coopération et la cohésion sociale. Il contribue à créer un fort sentiment d’appartenance à la communauté et souligne l’importance du travail d’équipe et de la coopération. L’élément est basé sur la relation entre les humains et la nature, et souligne l’importance du bois en tant que matière première et ses utilisations durables. En tant que tel, cet élément est directement associé au développement durable.

R.2 :  Au niveau local, l’inscription permettra de mieux connaître les techniques anciennes, le métier pratiqué par les communautés et les rituels adaptés à l’environnement. Au niveau national, elle fera mieux connaître la Convention de 2003 et fera prendre conscience de la façon dont le patrimoine culturel immatériel est étroitement lié à l’utilisation durable des ressources naturelles. Au niveau international, l’inscription permettra de promouvoir les liens entre le patrimoine culturel matériel et immatériel et de souligner le rôle du patrimoine culturel immatériel en tant qu’élément intégral du développement durable, appuyant ainsi l’Agenda 2030 pour le développement durable. L’inscription encouragera davantage le dialogue entre les anciennes et les jeunes générations, contribuera à la diffusion de la connaissance de l’artisanat et popularisera la tradition au sein des familles, des associations et du public.

R.3 : Les initiatives passées et actuelles des communautés pour assurer la viabilité de l’élément comprennent des efforts de transmission des savoirs, des savoir-faire et des valeurs aux jeunes générations par le biais d’expositions, de réunions de clubs ou par la distribution de documents d’information, efforts auxquels ont participé les associations. Les efforts des États parties se sont traduits par l’inclusion de l’élément dans les inventaires nationaux, l’octroi de subventions pour financer les mesures de sauvegarde, la présentation de l’élément dans de nombreuses collections de musées, la recherche scientifique, les publications et les films. Des mesures de sauvegarde ont été proposées par chaque État soumissionnaire afin de maintenir la viabilité et la transmission de l’élément et de le mettre en valeur et de le promouvoir au niveau international et local. La candidature explique comment chaque État soutiendra les mesures proposées en offrant des programmes de subventions et des fonds provenant des budgets publics (municipaux et nationaux). Les mesures de sauvegarde ont été proposées par les communautés de radeleurs elles-mêmes.

R.4 : Le dossier de candidature a été préparé tout d’abord par des discussions lors de l’assemblée générale de l’Association internationale des radeleurs en 2010. Des consultations internationales ont été organisées parmi les représentants des radeleurs des États soumissionnaires entre 2018 et 2020. Les États soumissionnaires ont ensuite formé un groupe de travail chargé de préparer la candidature, de coordonner le processus et de consulter des experts des institutions et des ONG concernées au cours de plusieurs réunions. À l’échelle nationale, des sous-groupes de travail composés de détenteurs de l’élément ont été créés pour rédiger le dossier de candidature. Le dossier comprend diverses lettres de consentement d’associations, de particuliers, d’institutions nationales, régionales et locales, et d’ONG.

R.5 : L’élément est inclus dans les inventaires de tous les États soumissionnaires. Des informations sur les inventaires des États soumissionnaires, notamment les organisations responsables de la mise à jour, la fréquence de mise à jour et les numéros de référence, sont fournies dans le dossier. Le dossier explique les processus par lesquels l’élément a été identifié et défini dans l’inventaire de chaque État, ainsi que les rôles des communautés, groupes et individus concernés dans les processus d’inventaire.

  1. Décide d’inscrire le radelage sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite les États parties pour leur processus exemplaire de candidature conjointe, qui implique une importante participation des communautés et qui démontre l’efficacité des communautés de différents pays travaillant ensemble pour sauvegarder le patrimoine culturel immatériel ;
  3. Félicite en outre les États parties pour avoir fait preuve d’une étroite collaboration dans la préparation d’une candidature multinationale, conformément aux principes de coopération internationale et de promotion de la compréhension mutuelle de la Convention.

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