Décision du Comité intergouvernemental : 14.COM 10.b.3

Le Comité,

  1. Prend note que Bahreïn, l’Égypte, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, la Mauritanie, le Maroc, Oman, la Palestine, l’Arabie saoudite, le Soudan, la Tunisie, les Émirats arabes unis et le Yémen ont proposé la candidature des connaissances, savoir-faire, traditions et pratiques associés au palmier dattier (n  01509) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Le palmier dattier est associé à la population des États soumissionnaires depuis des siècles, comme un matériau indispensable à plusieurs formes d’artisanat, plusieurs métiers et plusieurs traditions, coutumes et pratiques socioculturelles, mais aussi comme une importante source de nourriture. Le palmier dattier est une plante à feuilles persistantes typique des régions sèches, car ses racines peuvent pénétrer profondément le sol pour en absorber l’humidité. On compte parmi les détenteurs et les praticiens de l’élément les propriétaires de plantations de palmiers dattiers ; les agriculteurs qui plantent, entretiennent et irriguent les arbres ; les artisans qui fabriquent des produits traditionnels en utilisant les différentes parties du palmier ; les marchands de dattes ; et les créateurs et artistes qui récitent des contes et des poèmes populaires. Les connaissances, savoir-faire, traditions et pratiques associés au palmier dattier ont joué un rôle essentiel dans le renforcement des liens entre les habitants des pays arabes concernés et leurs terres, car cet arbre les a aidés à surmonter les difficultés propres à un environnement désertique. La relation historique que la région entretient avec l’élément a donné naissance à un riche patrimoine culturel rassemblant les pratiques, les connaissances et les savoir-faire encore employés aujourd’hui. Le développement de l’élément à travers les siècles et sa pertinence culturelle expliquent à quel point les communautés locales sont engagées en faveur de sa préservation. Elles participent pour cela à de multiples actions portant sur le palmier dattier, organisent de nombreux rituels festifs et perpétuent les traditions et coutumes liées à l’élément.

  1. Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Les connaissances, savoir-faire, traditions et pratiques associées au palmier dattier, sont l’un des principaux facteurs d’unité culturelle dans le monde arabe. C’est un symbole culturel majeur pour un grand nombre de communautés, groupes et individus des quatorze États parties soumissionnaires. Reconnu depuis des siècles comme une importante source de nutriments, le palmier dattier est aussi à l’origine de plusieurs métiers, pratiques artisanales et coutumes : plantation, irrigation, taille, pollinisation et récolte des dattes, rituels festifs, fabrication d’objets artisanaux, jeux et chants populaires, présentation de condoléances et rituels islamiques, entre autres. Les connaissances et savoir-faire associés sont transmis aux futures générations de manière informelle, par des histoires, des chansons, des légendes, des proverbes, des devinettes et même des croyances. Ils sont également transmis de manière formelle dans le cadre de programmes scolaires.

R.2 :   Le travail accompli conjointement par les quatorze États soumissionnaires démontre le fort potentiel que peut avoir le patrimoine culturel immatériel pour encourager le dialogue. L’inscription de l’élément serait un pas de plus dans cette voie, car elle contribuerait à accroître la visibilité du patrimoine culturel immatériel dans les communautés locales et attirerait l’attention des gouvernements concernés sur la Convention. Elle pourrait également inciter d’autres pays où l’élément est présent à s’associer ultérieurement à la candidature, ce qui renforcerait la collaboration entre les États soumissionnaires et mettrait en lumière les caractéristiques communes de leur patrimoine culturel. En outre, l’inscription des connaissances, savoir-faire, traditions et pratiques associés au palmier dattier permettrait de sensibiliser davantage à l’importance du patrimoine culturel immatériel et à son rapport avec les ressources naturelles.

R.3 :  Les mesures de sauvegarde passées, actuelles et proposées par les quatorze États soumissionnaires sont diverses et adaptées aux particularités de chaque pays, sans pour autant négliger la coopération entre eux. Elles incluent toutes sortes de mesures de sauvegarde conformes à la Convention et visent notamment à promouvoir la culture du palmier dattier, à protéger les régions et les zones dans lesquelles il est cultivé, à favoriser l’autonomie économique et agricole des communautés et à créer ou renforcer les organisations non gouvernementales actives dans le domaine du patrimoine culturel associé au palmier dattier. Elles sont soutenues par les différents gouvernements et vont continuer de l’être, et les communautés concernées ont participé à leur élaboration à plusieurs niveaux.

R.4 :  Le dossier de candidature a été préparé en s’appuyant sur des travaux d’inventaire sur le terrain, des réunions, des ateliers, des forums et un véritable consensus autour de l’élément. Les communautés, groupes et individus concernés ont donc joué un rôle important en fournissant des informations de terrain et des documents pertinents. Malgré des différences relatives au contexte et aux méthodes utilisées par chaque État partie, la collaboration entre les communautés, groupes et individus a été efficace tout au long de la préparation du dossier. Les rôles et responsabilités ont été attribués de manière pertinente, et le rôle des femmes en tant que praticiennes de l’artisanat associé à l’élément a été mis en avant.

R.5 :  Dans tous les États parties soumissionnaires, l’élément a été inclus dans un inventaire, une liste ou un registre du patrimoine culturel immatériel national entre 2009 et 2018. Les Ministères de la culture, les départements culturels et des instituts et agences dédiés sont chargés de gérer et de mettre à jour les inventaires.

  1. Décide d’inscrire les connaissances, savoir-faire, traditions et pratiques associés au palmier dattier sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Félicite les quatorze États parties pour cette initiative exemplaire de collaboration régionale entre des pays partageant un patrimoine culturel similaire, en reconnaissant la complexité de cette démarche et son importance pour la région arabe ;
  3. Encourage les États parties à éviter les approches descendantes tout au long des processus de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en s’assurant que les communautés sont au cœur de tous les efforts de sauvegarde ;
  4. Rappelle aux États parties que la mise à jour est un aspect important du processus d’élaboration des inventaires et les invite à inclure, dans leur prochain rapport périodique sur la mise en œuvre de la Convention au niveau national, des informations détaillées sur la manière dont leurs inventaires sont constitués et régulièrement mis à jour avec la participation active des communautés, organisations non gouvernementales et groupes concernés, conformément aux articles 11 et 12 de la Convention.

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