Le Comité
- Prend note que les Émirats arabes unis ont proposé la candidature d’Al aflaj, système traditionnel d’irrigation aux EAU, traditions orales, connaissances et savoir-faire liés à sa construction, à son entretien et à la distribution équitable de l’eau (n 01269) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
Les aflaj sont des systèmes d’irrigation aux Émirats arabes unis qui utilisent un tunnel souterrain pour conduire l’eau sur de longues distances depuis une source souterraine jusqu’à un « sharia » (bassin) auquel les communautés ont accès. Le système des aflaj se fonde sur des connaissances et pratiques ancestrales en lien avec la nature, en particulier la topographie de la région, et sur des savoir-faire et un artisanat traditionnels relatifs au creusement et à l’entretien du système d’irrigation en vue d’assurer une distribution équitable de l’eau en fonction de méthodes nocturnes et diurnes de mesure du temps. Il y a environ 300 aflaj dans le pays, répartis le long des contreforts des monts Hajar. L’eau s’écoule grâce à la force de gravitation et les tunnels souterrains réduisent l’évaporation. Les aflajs comprennent également un réseau de canaux de surface qui distribuent l’eau aux exploitations agricoles. Le système des aflaj et les connaissances associées sont une source de fierté pour les citoyens et sont étroitement liés à différents événements, pratiques sociales et festivités. Il existe de riches traditions orales en lien avec les aflaj et les citoyens connaissent des poèmes, des devinettes, des plaisanteries, des contes de fée et des légendes à propos de leur construction. La pratique, qui a permis aux communautés de survivre dans un climat aride, encourage un usage durable des ressources naturelles. Depuis 3 000 ans, les connaissances et savoir-faire associés se transmettent de génération en génération à travers l’instruction et le partage d’expériences.
- Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : Al aflaj se compose d’un ensemble de pratiques, de coutumes et de connaissances relatives à la gestion de l’eau dans les environnements désertiques difficiles, servant des fonctions économiques, écologiques et sociales. Il joue un rôle central dans les modes traditionnels de communication et d’organisation sociales des communautés locales. L’usage communal et le système de distribution équitable des ressources en eau se fondent sur la coopération et le respect mutuel et encouragent la cohésion au sein de la communauté locale. L’aflaj et les oasis environnantes sont des espaces communautaires où les membres de la communauté se réunissent, se détendent et passent leur temps libre ensemble. Compte tenu de sa complexité, Al aflaj fait le lien entre le patrimoine culturel matériel et le patrimoine culturel immatériel.
R.2 : Al aflaj peut encourager le dialogue concernant la distribution d’eau dans des conditions climatiques difficiles et les contextes sociaux associés, en particulier sur la nécessité d’une coopération inconditionnelle, la résolution des conflits et la transmission de connaissances hautement spécialisées. Étant donné que des systèmes d’irrigation traditionnels existent dans d’autres pays, l’inscription permettrait de souligner l’importance des connaissances essentielles, notamment liées à Al aflaj, pour les populations vivant dans des zones arides et les traditions similaires à l’échelle internationale. Elle encouragerait aussi la créativité humaine en mettant en lumière des systèmes ingénieux servant à faire remonter l’eau en surface.
R.4 : Le processus de candidature a été mené par le Département du patrimoine immatériel de l’Autorité du tourisme et de la culture d’Abou Dhabi avec la participation active de chercheurs, de propriétaires terriens, d’enseignants et de praticiens experts qui se sont réunis à diverses reprises pour évoquer les mesures de sauvegarde et leur mise en œuvre. De nombreuses personnes ont exprimé leur consentement préalable et éclairé à la candidature, dont d’importants détenteurs de la tradition, des institutions et des organisations intégrées aux communautés locales.
R.5 : Al aflaj a été inclus en 2003 dans l’inventaire du patrimoine culturel immatériel d’Abou Dhabi, dans le domaine des arts artisanaux traditionnels. L’entrée a été mise à jour deux fois en 2011 et 2016 avec la participation de la communauté. L’inventaire concerné est géré par le Département du patrimoine immatériel de l’Autorité du tourisme et de la culture d’Abou Dhabi. La description générale et la documentation connexe sont détaillées, y compris une explication de la terminologie spécialisée.
- Décide en outre que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature ne satisfait pas au critère d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité suivant:
R.3 : Le dossier fournit des informations complètes sur les mesures de sauvegarde, qui s’articulent autour d’un projet d’entretien et de développement visant à promouvoir les oasis de palmiers et Al aflaj comme des destinations touristiques et des zones de loisirs, incluant la création d’un « parc du patrimoine », d’un musée et d’un centre d’information. Bien que ces mesures puissent éventuellement contribuer à promouvoir l’élément, aucune activité particulière n’a été prévue afin d’évaluer l’impact de ce projet sur les valeurs sociales et culturelles de l’élément, alors même que ce type de mesures est susceptible de dénaturer celui-ci et de menacer finalement sa viabilité. En outre, la majorité des mesures semble se concentrer sur les structures physiques, au détriment de la transmission de l’élément et du maintien d’une relation active des communautés locales avec cet élément essentiel de leur vie quotidienne, et en particulier avec les connaissances et savoir-faire qu’il implique et sa signification culturelle.
- Décide de ne pas inscrire Al aflaj, système traditionnel d’irrigation aux EAU, traditions orales, connaissances et savoir-faire liés à sa construction, à son entretien et à la distribution équitable de l’eau sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
- Reconnaît les efforts déployés par l’État partie afin d’associer la protection des sites culturels d’Al Aïn (Hafit, Hili, Bidaa Bint Saud et les oasis) dans le cadre de la Convention de 1972 concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel à la sauvegarde des connaissances et savoir-faire liés à la construction et l’entretien d’Al aflaj et à la distribution équitable d’eau, mais lui rappelle que la Convention de 2003 et la Convention de 1972 reposent sur des principes et critères différents ;
- Recommande à l’État partie de tenir compte de la probable décontextualisation de l’élément résultant de son utilisation comme attraction touristique ainsi que de prendre des mesures appropriées pour sauvegarder les aspects immatériels d’Al aflaj ;
- Rappelle en outre à l’État partie que la mise à jour est un aspect important du processus d’élaboration des inventaires et l’encourage, s’il souhaite resoumettre la candidature au cours d’un cycle ultérieur, à inclure des informations détaillées sur la périodicité et les modalités de la mise à jour de l’inventaire du patrimoine culturel immatériel d’Abou Dhabi, conformément à l’article 12.1 de la Convention.