Décision du Comité intergouvernemental : 13.COM 10.b.28

Le Comité

  1. Prend note que le Panama a proposé la candidature des expressions rituelles et festives de la culture congo (n  01383) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :

Les expressions festives et rituelles de la culture congo incarnent la vision contemporaine d’une célébration collective de descendants d’esclaves noirs de l’époque coloniale. De nos jours, les participants jouent du congo, célèbrent leur liberté, chantent gaiement à propos de leur vie quotidienne, et interprètent des spectacles et des danses pieds nus pour communiquer avec la terre. Pendant la saison congo (du 20 janvier, jour de la Saint Sébastien, au mercredi des Cendres), les participants passent leurs journées sur une palissade en mettant en scène une société matriarcale régie par une reine et sa cour. Chaque personne a un rôle à tenir pour protéger la reine et les personnes réunies sur la palissade contre les diables. Le mercredi des Cendres, la saison s’achève avec une confrontation entre les diables et les congos. Dans un rituel symbolique, la reine et les congos retirent leurs masques aux diables pour les libérer et neutraliser leur méchanceté jusqu’au prochain cycle, l’année suivante. Depuis des générations, ces expressions contribuent à l’intégration sociale et sont un moyen d’expression de la joie et de la sensualité. Les expressions de la culture congo sont transmises oralement et chacun y prend part. Des programmes de chant, de danse et de musique congo sont également enseignés dans les écoles et un enseignement est dispensé à l’université. En outre des cours sont organisés ainsi que des ateliers en fin de semaine.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :

R.1 :  Les expressions rituelles et festives de la culture congo sont une composante importante du patrimoine culturel des communautés du Panama, dont l’histoire est liée à la culture africaine apportée sur le continent américain par les esclaves. La danse, la musique, le théâtre et les autres expressions connexes consolident l’identité culturelle des membres de la communauté, renforcent la mémoire de leur histoire et les aident à surmonter leur traumatisme historique collectif.

R.2 :  L’élément souligne la victoire remportée face aux stéréotypes et aux discriminations vécus par les minorités. Son inscription permettrait de sensibiliser à la rencontre historique de différentes cultures et ses impacts créatifs, de recréer des liens entre les membres de la culture congo à l’échelle du pays, de les unir autour des activités de sauvegarde et d’inspirer des arts à la croisée de la tradition et de la modernité en y intégrant les racines culturelles du Congo.

R.3 :  Le plan de sauvegarde vise à poursuivre plusieurs mesures déjà en cours. Tout d’abord, une formation globale sur la Convention de 2003 a été prodiguée afin d’aider les communautés à mettre en œuvre une sauvegarde efficace. L’élément a ensuite été étudié, notamment sa viabilité, ainsi que les impacts des activités de sensibilisation en vue de proposer des mesures de réduction des risques liés au tourisme de masse. Le plan se concentre également sur la mise en place de diplômes universitaires relatifs au patrimoine culturel immatériel et à la gestion culturelle, la reproduction de supports audiovisuels, l’inventaire adéquat de la culture congo et l’aide apportée aux artisans.

R.4 :  La communauté a exprimé son consentement en masse et de manières diverses. L’État partie soumissionnaire a déployé des efforts considérables afin d’informer les représentants des communautés, les gouvernements locaux et les praticiens sur la candidature et les a invités à exprimer leurs idées et leur accord ainsi qu’à confirmer leur engagement en faveur de la sauvegarde de l’élément.

R.5 :  L’élément est inclus dans l’inventaire de la province de Colón depuis 2013, qui est géré par l’équipe du projet « Sauvegarde du PCI » du Ministère du commerce et des industries conformément aux articles 11 et 12 de la Convention. Le patrimoine culturel immatériel est identifié et l’inventaire est mis à jour chaque année par des membres des communautés formés à la recherche de terrain.

  1. Inscrit les expressions rituelles et festives de la culture congo sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité ;
  2. Invite l’État partie, lorsqu’il fait référence au patrimoine culturel immatériel, à éviter l’usage d’un vocabulaire et de concepts inappropriés, tels que le concept d’« unicité », qui pourraient induire une hiérarchie entre les expressions du patrimoine vivant et ainsi aller à l’encontre de la définition du patrimoine culturel immatériel de l’article 2.1 de la Convention ainsi que de l’objectif de la Liste représentative de favoriser le dialogue dans le respect de la diversité culturelle (article 16 de la Convention).

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