Décision du Comité intergouvernemental : 13.COM 10.a.2

Le Comité

  1. Prend note que l’Azerbaïdjan a proposé la candidature du yalli (kochari, tenzere), danses collectives traditionnelles du Nakhtchivan (n  01190) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

Le yalli, danses collectives traditionnelles du Nakhtchivan, est un ensemble de danses traditionnelles interprétées exclusivement lors de représentations collectives. Typiquement, le yalli est interprété en formant un cercle, une chaine ou une ligne, et intègre des éléments de jeux et de pantomime (imitations d’oiseaux ou d’autres animaux), des exercices physiques et des mouvements. La communauté des danses yalli est constituée de danseurs praticiens qui interprètent leurs chorégraphies spontanément ou selon un calendrier lors de différentes fêtes et célébrations. Certaines variantes du yalli comprennent des passages chantés et sont pratiquées par les hommes et les femmes, tandis que d’autres sont pratiquées uniquement par des hommes et imitent des jeux pastoraux et certains mouvements de combat des bêtes à corne. Jusqu’à la moitié du XXe siècle, le yalli était couramment pratiqué. Toutefois, plusieurs facteurs ont eu des conséquences négatives sur la transmission de la pratique, notamment une perte progressive des fonctions sociales de certains types de yalli et une préférence donnée aux représentations sur scène ainsi que des facteurs externes tels que la migration des travailleurs et les crises économiques à la fin des années 1980 et au début des années 1990, une évolution de la transmission informelle vers des modes formels, et une simplification radicale des danses qui a débouché sur une perte de diversité.

  1. Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente comme suit :

U.1 :  Les danses yalli symbolisent l’énergie, la solidarité, le rythme de vie, et renforcent l’amitié et la cohésion sociale. Le kochari et le tenzere en sont les formes les plus largement pratiquées, et il semble que plus le lien des communautés avec ces danses est fort, plus importantes sont les chances que ces pratiques soient revitalisées. Ces danses se transmettent de façon informelle pendant les fêtes et célébrations, et de façon formelle grâce à des troupes de danse folkloriques et à l’éducation scolaire.

U.2 :  La connaissance passive de l’élément dépasse largement la connaissance active ; beaucoup de danses yalli n’existent plus que dans la mémoire des personnes âgées et dans des archives. Plusieurs facteurs défavorables ont considérablement affaibli la présence de l’élément pendant la deuxième partie du vingtième siècle, et sa pratique continue de décliner. Les principaux risques incluent une perte de variété, l’utilisation de formes homogénéisées et simplifiées, la perte progressive des différents rôles des praticiens et des fonctions sociales des danses, la prédominance des prestations scéniques et la préférence de la nouvelle génération pour d’autres types de divertissement dans des contextes urbains.

U.3 :  Les mesures de sauvegarde passées étaient principalement axées sur l’identification, la recherche et la documentation de l’élément, ainsi que sur le renforcement de sa pratique dans des groupes de danse folklorique, des écoles, des écoles de musique et des maisons de la culture, sans aucune approche systématique ni implication de la communauté. Très bien conçu, le plan de sauvegarde proposé a des objectifs clairs qui traduisent les besoins identifiés, un budget et un plan dans lequel le gouvernement central et le Ministère de la culture et du tourisme du Nakhtchivan attribuent quinze employés à sa réalisation. Le but du projet est de créer des conditions favorables à la transmission des danses yalli, de maintenir leur pratique dans le futur et de constituer une association et un centre d’information sur les danses yalli qui permettrait aux praticiens de partager leurs expériences et leur réseau.

U.4 :  La candidature a été initiée par la troupe de danse « Sharur Folk Yalli Dance Ensemble », représentant la communauté des danseurs de yalli, qui entretient et transmet le savoir de cette danse aux générations plus jeunes. Des praticiens sélectionnés ont travaillé directement à la préparation du dossier de candidature, tandis que d’autres praticiens, communautés et parties prenantes étaient impliqués dans le processus via des consultations dans un groupe de travail. Les praticiens les plus actifs et d’autres parties prenantes ont fourni leur consentement libre, préalable et éclairé.

U.5 :  L’élément est inclus dans le registre du patrimoine culturel immatériel de la République d’Azerbaïdjan depuis 2010. L’inventaire est mis à jour au moyen de travail de terrain, mais également de demandes venant des communautés concernées. Les praticiens ainsi que plusieurs troupes de danse folklorique et écoles de musique locales ont contribué à l’identification et à l’inventaire de l’élément, et les membres de la troupe Sharur Folk Yalli Dance Ensemble ont joué un rôle essentiel dans la collecte d’informations au sein de la communauté.

  1. Inscrit le yalli (kochari, tenzere), danses collectives traditionnelles du Nakhtchivan sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Rappelle à l’État partie que le patrimoine culturel immatériel est intrinsèquement spontané et en constante évolution, et l’invite à faire particulièrement attention à ce que la formation à grande échelle de nouveaux danseurs ne mène pas à la standardisation ni à la décontextualisation des danses, à la création de nouveaux stéréotypes ou à l’affaiblissement supplémentaire de leurs formes les plus spontanées ;
  3. Prend note que le patrimoine des danses collectives traditionnelles est partagé par des communautés dans la région et au-delà.

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