Décision du Comité intergouvernemental : 10.COM 10.a.8

Le Comité

  1. Prend note que l’Ouganda a proposé la candidature de la tradition orale Koogere des Basongora, Banyabidi et Batooro (nº 00911) pour inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente :

Koogere était une femme, chef des Busongora il y a environ 1 500 ans. La tradition orale décrit sa sagesse exceptionnelle ainsi que la prospérité du territoire sous son règne dans une série de récits qui fait partie de la mémoire vivante et collective des communautés Basongora, Banyabindi et Batooro à Kasese. Cette tradition orale forme une part essentielle et inspiratrice à l’origine de la philosophie sociale et des expressions populaires. Elle associe des adages et des récits mettant en avant des images de richesse et d’abondance en consécration d’un dur labeur et illustrant la magie et l’héroïsme des femmes. Les praticiens et les gardiens de ces histoires sont traditionnellement des anciens, des sages, des conteurs, des poètes, des musiciens, des artistes et des familles locales vivant près des sites associés à cette histoire. L’histoire de Koogere est racontée et chantée de manière informelle autour du feu et au cours d’activités collectives comme la fabrication d’objets artisanaux, le gardiennage du bétail, et lors des longs trajets, les conteurs expérimentés transmettant la tradition aux jeunes participants. Elle facilite ainsi la transmission d’informations, de valeurs et de savoir-faire entre générations au cours d’un partage d’actions, de sagesse, de divertissement et d‘apprentissage. Cependant, aujourd'hui, il y a la dominance croissante de la formation et de l’éducation formelle, tandis que la transmission des connaissances et des compétences associées à la pratique de la tradition orale Koogere est informelle et spontanée et donc pas adapté à ces nouvelles méthodes. En outre, l’utilisation de la langue de l’histoire de Koogere – runyakitara (runyoro-Rutooro) – est en déclin. La connaissance de la tradition orale diminue donc rapidement avec seulement quatre maîtres conteurs survivants capables de raconter plus d’un épisode de l'histoire Koogere. La fréquence de ces pratiques diminue également, d’autres divertissements dominant les espaces sociaux associés à sa pratique et sa transmission.

  1. Décide que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères suivants :

U.1 :  Articulée autour d’un répertoire narratif relatant la sagesse, la prospérité, la magie et l’héroïsme d’une grande femme, chef d’un empire disparu, la tradition orale Koogere véhicule des valeurs, un système de croyances et une mémoire collective ; elle s’exprime et se transmet principalement de manière spontanée pendant les soirées en famille, en voie de disparition, pendant que l’on fait paître le bétail, que l’on tisse ou fabrique des objets artisanaux ou que l’on voyage en groupe ;

U.2 :  Mis à part les groupes qui intègrent des paroles liées à l’histoire de Koogere dans leurs représentations musicales, seuls quatre maîtres âgés possèdent une connaissance et un savoir-faire suffisant de l’élément pour assurer sa pratique ; celle-ci est sous une menace sérieuse du fait de la disparition des contextes sociaux dans lesquels elle prend généralement place, du cloisonnement croissant entre éducation et divertissement (à l’opposé de leur amalgame incarnée dans l’élément), du déclin de l’utilisation des langues autochtones et d’une perte générale de compréhension et d’affection pour l’histoire ;

U.3 :  Le plan de sauvegarde témoigne d’une élaboration réfléchie et de l’implication active de communautés, de groupes, d’individus, d’organisations non-gouvernementales pertinentes et d’autres parties concernées, résultant en un plan de sauvegarde réalisable et suffisant ; le principal objectif est d’intégrer l’élément dans la société contemporaine en introduisant de nouveaux modes de transmission et en professionnalisant le statut des praticiens afin de pouvoir toucher le public par le biais de représentations sur scène ; le budget, minutieusement préparé, peut servir de modèle ;

U.4 :  La procédure de candidature a permis de sensibiliser les communautés concernées aux principes sous-jacents de la Convention, et d’assurer leur participation dans l’identification et la définition de l’élément, leur coopération avec les chercheurs dans leur entreprise de collecte de données, leur contribution aux discussions sur les menaces qui pèsent sur l’élément et l’élaboration de mesures de sauvegarde appropriées ; un large éventail des parties concernées par l’élément et sa sauvegarde ont fourni leur consentement libre, préalable et éclairé à la candidature ;

U.5 :  L’élément est inclus depuis 2012 dans l’Inventaire national, dressé conformément aux articles 11 et 12 de la Convention, et maintenu par le Ministère du genre, du travail et du développement social.

  1. Inscrit la tradition orale Koogere des Basongora, Banyabidi et Batooro sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ;
  2. Recommande à l’État partie, lors de la mise en œuvre du plan de sauvegarde, de prêter une attention particulière à la durabilité des fonctions sociales et des significations culturelles de l’élément pour ses communautés.

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