Rapport périodique sur la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel

La Convention précise dans son Article 29 que les États parties présentent au Comité des rapports sur les dispositions législatives, réglementaires ou autres prises pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel sur leurs territoires. Cette page présente les rapports périodiques et les échéances pour un pays : Tchéquie (voir la situation de tous les États parties).

Les rapports périodiques permettent aux États parties d’évaluer leur mise en œuvre de la Convention et leurs capacités de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, de faire rapport sur leurs inventaires du patrimoine culturel immatériel, et de mettre à jour le statut des éléments inscrits sur la Liste représentative.


Sur la mise en œuvre de la Convention

Chaque État partie soumet son rapport périodique au Comité avant le 15 décembre de la sixième année suivant la date à laquelle il a déposé son instrument de ratification, d’acceptation ou d’approbation, et tous les six ans par la suite.

Rapport soumis le 15/12/2021 et examiné par le Comité en 2022

Résumé

bientôt disponible

Rapport soumis le 15/12/2015 et examiné par le Comité en 2016

Résumé

La Tchéquie est devenu un État partie en 2009. Le Ministère de la culture (MC), qui est le principal organe compétent, a désigné l’Institut national de culture populaire (INCP) pour mettre en œuvre la Convention, au côté d’unités spécialisées établies dans un musée de chaque région du pays. Aucune institution n’est spécifiquement chargée de la formation à la gestion du patrimoine culturel immatériel mais l’INCP propose des séminaires spécialisés et des cours de formation destinés aux responsables d’ensembles, aux professeurs et autres. Outre ces organes, des agences d’état telles que l’INCP et l’Institut national du patrimoine culturel collectent et détiennent la documentation sur le patrimoine culturel immatériel. Par ailleurs, différents musées conservent des collections ethnographiques et/ou documentent systématiquement les éléments du patrimoine culturel immatériel. L’accès du public à ces collections est facilité par des sites web, l’organisation d’expositions et d’ateliers, des bibliothèques (dont certaines sont numériques) et la numérisation des documents (p. ex pour le projet « eSbírky » Europeana).
S’agissant de l’inventaire du patrimoine culturel immatériel, il existe deux listes nationales : (1) la Liste du patrimoine immatériel de l’art populaire traditionnel (dite Liste nationale, existe depuis 2008) et (2) la Liste des détenteurs d’artisanats et traditions populaires (dite Liste des détenteurs, existe depuis 2001). Les deux listes sont gérées par l’INCP. Les services régionaux de l’INCP établissent également des listes du patrimoine culturel immatériel au niveau régional qui sont des listes indicatives pour de futures inscriptions à la Liste nationale. La Liste nationale est organisée selon les cinq domaines définis par la Convention de 2003 et le fait que l’élément soit vivant et transmis de génération en génération est l’un des critères d’inscription. La documentation sur les éléments est mise à jour tous les sept ans, l’état de viabilité est évalué et, le cas échéant, des recommandations sont faites afin d’améliorer la sauvegarde. Cette liste est publiée sur le site web du MC et régulièrement mise à jour. Les éléments peuvent être soumis à inscription par toute personne ayant un lien avec la localité dans laquelle se pratique l’élément. Ils sont ensuite évalués par le Conseil national sur la base de deux rapports d’experts. Les détenteurs, ainsi que les services régionaux de l’INCP, sont souvent à l’origine des candidatures à l’inscription. Celles-ci sont en général préparées conjointement par les communautés et les détenteurs, notamment pour ce qui concerne les mesures de sauvegarde, et le consentement libre et éclairé des communautés et détenteurs doit être produit. La Société tchèque d’ethnologie (une organisation non gouvernementale accréditée en vertu de la Convention de 2003) joue un rôle important dans l’identification et la définition des éléments du patrimoine culturel immatériel. La Liste des détenteurs comprend les noms des personnes (cinq peuvent être inscrites chaque année) qui sont les représentants d’artisanats populaires et qui assurent la continuité de leurs compétences et savoir-faire par une transmission intergénérationnelle. Les détenteurs de traditions inscrits sur la liste sont présentés sur un site web administré par l’INCP et leur travail fait l’objet d’une promotion dans deux DVD et une publication. Leur inscription peut être proposée à l’INCP par toute personne ayant un lien avec leur localité de pratique. L’INCP évalue les propositions et les transmet à un comité consultatif d’experts du MC. Les deux listes intègrent la viabilité des éléments.
En ce qui concerne les autres mesures de sauvegarde, les éléments sont traditionnellement sauvegardés par des associations (p. ex. en lien avec des événements annuels ou de la vie sociale) et, le cas échéant, les médias locaux sont informés. L’accès aux éléments n’est pas restreint et les informations sur les éléments communiquées par les détenteurs sont consultables par tous. À cette fin, plusieurs sites web ont été créés par les organisations d’état qui sont en lien avec les communautés. Les informations sont mises à disposition avec le consentement des communautés. S’agissant des politiques, le patrimoine culturel immatériel a été intégré à la Politique culturelle nationale (2009-2014) et la Stratégie en faveur d’une conservation plus efficace de la culture populaire traditionnelle (2004-2010) a été le principal outil politique de mise en œuvre de la Convention, des instruments stratégiques semblables ont été adoptés par les gouvernements régionaux.
La recherche scientifique et les publications se sont concentrées sur les projets de sauvegarde, et le soutien de l’État est accordé à des publications spécialisées consacrées à l’ethnographie et à la conservation du patrimoine culturel immatériel (identification, documentation, inventaire et archivage) ainsi qu’à la recherche liée aux candidatures à la Liste nationale. Les publications locales et régionales (p. ex. des recueils de chansons) représentent également un aspect important de la sauvegarde. Il en va de même pour les publications des instituts universitaires de recherche (p. ex les manuels de méthodologie). De nombreuses études et plusieurs projets de recherche consacrés à la sauvegarde de l’architecture populaire ont également un impact direct sur la sauvegarde des techniques traditionnelles de construction et d’artisanat. De 2011 à 2015, l’INCP a financé deux grands projets de recherche appliquée et d’élaboration d’une identité culturelle nationale, à savoir : un projet sur les techniques de construction traditionnelle en argile en Moravie et dans le contexte régional du moyen Danube ; et l’utilisation d’un système d’informations géographiques (SIG) pour cartographier la culture populaire traditionnelle. Depuis 2015, le public a accès gratuitement à ces informations grâce au Système d’informations géographiques pour la culture populaire traditionnelle (GISTraLiK).
Des programmes éducatifs sur le patrimoine culturel immatériel régional sont proposés dans les programmes scolaires des écoles primaires et secondaires et des écoles élémentaires d’art s’intéressent tout particulièrement au folklore. En 2015, l’INCP a édité un manuel destiné à guider les professeurs sur l’intégration du patrimoine culturel immatériel dans les programmes scolaires. Par ailleurs, ce même institut organise des conférences dans les écoles primaires. Les universités qui enseignent l’ethnologie, l’anthropologie et les sciences historiques proposent également des cours qui abordent le sujet du patrimoine culturel immatériel et il existe un cours spécialisé sur « l’UNESCO et la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel ». En outre, un certain nombre de cours sont organisés afin de renforcer les capacités de la communauté scientifique, comme par exemple l’utilisation de ressources électroniques (telles que le SIG) en ethnologie. Des activités extrascolaires comme le projet « Notre pain quotidien » qui présente aux enfants la fabrication du pain et des cours sur les chants et danses populaires encouragent également les jeunes à s’intéresser encore plus au patrimoine culturel immatériel, de telles activités éducatives non formelles sont bien établies en Tchéquie. Le Centre national d’information et de consultation sur la culture (NIPOS), une agence de recherche, organise également des séminaires et des programmes de formation pour les enfants, les jeunes et les adultes en ayant recours à des méthodes modernes et traditionnelles.
S’agissant de la sensibilisation et de la promotion du patrimoine culturel immatériel, la branche tchèque du Conseil International des Organisations de Festivals de Folklore et d’arts traditionnels (CIOFF) joue un rôle important, en particulier, en raison du grand nombre de festivals de folklore organisés tout au long de l’année. De nombreux musées régionaux et en plein air organisent également des événements destinés à présenter aux visiteurs les fêtes, les coutumes et les artisanats. La promotion des éléments passe également par des marques telles que Manufaktura, une marque d’envergure nationale qui rassemble 250 artisans et petites entreprises, et LUTA, un magasin qui vend des produits faits avec des matériaux naturels et réalisés avec des méthodes traditionnelles. Les grands médias ont également un rôle essentiel dans la promotion du patrimoine culturel immatériel et il existe un certain nombre de programmes de télévision et de radio consacrés au sujet.
La participation à des candidatures multinationales à la Liste représentative est une forme importante de coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale, et la Tchéquie, qui a rejoint l’élément de la Fauconnerie en 2012, travaille en étroite collaboration avec la Slovaquie et d’autres membres de l’Institut international de fauconnerie. En 2013, le pays a également pris part aux discussions sur le patrimoine culturel immatériel en Europe centrale, destinées à partager des expériences (p. ex. sur les impacts de l’inscription) et à envisager de possibles candidatures multinationales. De plus, la coopération régionale se concrétise par la participation au projet ETNOFOLK (avec l’Autriche, la Tchéquie, la Hongrie et la Slovénie) qui développe un site web multilingue reliant les bases de données des institutions ethnologiques et présentant une documentation numérisée. En ce qui concerne le travail en réseau, l’INCP soutient la coopération avec des institutions étrangères actives dans le domaine du patrimoine culturel immatériel, examine actuellement l’usage qui est fait des musées en plein-air (en coopération avec l’Autriche, la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et l’Allemagne) et a organisé un échange de 80 employés avec deux musées norvégiens. L’INCP est également membre de plusieurs organisations non gouvernementales internationales.
La Tchéquie a quatre éléments inscrits sur la Liste représentative. Slovácko Verbuňk, la danse des recrues, un élément inscrit en 2008 a été revitalisé dans les lieux où il avait disparu ; dans certaines régions les femmes et les jeunes filles prennent désormais part à cette danse traditionnellement exécutée par des hommes ; les détenteurs, les jeunes des zones rurales et les groupes de danse folklorique jouent tous un rôle central dans sa sauvegarde. Malgré une visibilité accrue suite à l’inscription et les efforts entrepris pour sa promotion, le caractère rural de l’élément et le coût relativement élevé des objets matériels associés à sa pratique représentent deux défis pour sa viabilité future. Depuis son inscription en 2010, l’élément Les défilés de porte-à-porte et masques des Jours gras dans les villages de la région de Hlinecko a été rétabli dans trois villages et un nombre accru de participants suivent la principale procession. Le musée local joue un rôle important de coordination dans la sauvegarde de l’élément, dans l’organisation des processions et dans la coopération avec les détenteurs, les villages et les autorités locales. En ce qui concerne La Chevauchée des Rois dans le sud-est de la République tchèque (inscrit en 2011), des inquiétudes font jour quant à une tendance à présenter la chevauchée en dehors de son contexte naturel, et donc en l’absence de son sens d’origine. La fauconnerie, un patrimoine humain vivant (inscrit en 2012, avec les Émirats arabes unis, l’Autriche, la Belgique, la France, la Hongrie, la République de Corée, la Mongolie, le Maroc, le Qatar, l’Arabie saoudite, l’Espagne et la République arabe syrienne) englobe les connaissances biologiques sur les oiseaux de proie et les savoir-faire environnementaux associés. Parmi les possibles menaces à venir pour cet élément, on peut citer les impacts négatifs sur l’environnement et ses ressources naturelles, et les changements dans les pratiques agricoles ; c’est la raison pour laquelle le Ministère de l’agriculture est l’une des principales entités gouvernementales impliquées dans la sauvegarde de cet élément.

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