La responsabilité essentielle de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel incombe au Ministère de la Culture et à son institution subordonnée, le Centre pour l’éducation artistique et le patrimoine immatériel (CEAPI). C’est le principal organe national en charge de la mise en œuvre des politiques et programmes culturels nationaux dans le domaine du patrimoine culturel immatériel ; de la consultation des municipalités et communautés ; du travail de documentation, des actions d’information, de popularisation et de sensibilisation aux projets ; et de l’organisation des principaux festivals et célébrations dans tout le pays. Le Centre coopère avec les institutions gouvernementales au niveau national et local, les instituts de recherche, les établissements éducatifs et les organisations non gouvernementales. Le Ministère de l’Éducation et de la Science et ses institutions subordonnées – en particulier le Centre national pour l’éducation – sont également très impliqués dans la procédure de sauvegarde, plus précisément en ce qui concerne l’éducation et la transmission des traditions auprès des enfants et des écoliers. La coopération institutionnelle en matière de mise en œuvre de la Convention est activement et constamment encouragée et soutenue par la Commission nationale de Lettonie pour l’UNESCO. Un rôle important dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Lettonie est joué par les 119 autorités urbaines et municipales qui accordent un soutien organisationnel et financier aux efforts entrepris par différents groupes de praticiens du patrimoine culturel immatériel (y compris les collectifs d’artistes mis en place par les municipalités) pour sauvegarder leur patrimoine culturel immatériel. Des partenariats ont été noués entre l’état et les institutions municipales, les organisations non gouvernementales, les communautés locales, les détenteurs individuels et les institutions et organisations éducatives formelles et non formelles. En ce qui concerne la mise en œuvre de politiques culturelles en Lettonie, la société civile et les organisations non gouvernementales sont de plus en plus impliquées dans les processus de prise de décision. Par exemple, la Société folklorique de Lettonie est une organisation non gouvernementale relativement récente composée de professionnels et de praticiens du patrimoine culturel immatériel. Son objectif est de promouvoir et de soutenir les activités des ensembles ethnographiques, des groupes folkloriques, des conteurs et des musiciens populaires et d’autres praticiens du patrimoine culturel immatériel en Lettonie. L’une de ses tâches consiste à entretenir un dialogue actif avec les institutions des gouvernements locaux sur des sujets liés à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Une nouvelle législation consacrée au patrimoine culturel immatériel est prévue, sous la responsabilité du Ministère de la Culture avec une large participation d’autres ministères (Ministère de l’Agriculture, Ministère de la Justice, Ministère de l’Éducation et de la Science, Ministère de l’Économie), d’institutions gouvernementales, d’institutions universitaires, de diverses associations (l’association folklorique « Aproka », l’association des « Femmes de la campagne lettone ») et d’experts (linguistes, spécialistes du folklore, économistes, etc.). Une fois la Loi sur le patrimoine culturel immatériel adoptée, le CEAPI aura la responsabilité globale de l’inventaire et d’autres actions de sauvegarde.
En ce qui concerne la formation des futurs professionnels de la culture, l’Académie lettone de la culture prépare les étudiants à une licence sur la culture traditionnelle et le folklore qui cible tout particulièrement le patrimoine culturel immatériel, et elle propose des cours de troisième cycle. Le Collège de la culture lettone de l’Académie lettone de la culture forme des professionnels à la gestion culturelle, aux sciences de la bibliothéconomie, à la gestion de la danse et au tourisme culturel, en mettant en avant le patrimoine matériel et immatériel par la théorie et la pratique. L’Université de Lettonie propose également des programmes de premier, deuxième et troisième cycles d’études du folklore ainsi que d’anthropologie culturelle et sociale, et l’Académie lettone de musique Jāzeps Vītols dispense une formation en ethnomusicologie du premier au troisième cycle. Enfin, le CEAPI encourage la formation continue dans différents domaines du patrimoine culturel immatériel, ainsi que l’amélioration des compétences professionnelles des éducateurs travaillant dans ce domaine.
Les principales institutions de documentation du patrimoine culturel immatériel sont les suivantes : les Archives du folklore letton, l’Institut d’histoire lettone, l’Université de Lettonie (en particulier le Département d’ethnographie), le Musée ethnographique en plein air de Lettonie (qui recueille des documents et sauvegarde des monuments populaires ainsi que des témoignages du mode de vie et de la culture de la population rurale), le Musée national d’histoire de la Lettonie (le plus grand dépositaire de culture matérielle lettone), la Bibliothèque nationale de Lettonie (qui permet d’accéder sous forme numérique aux collections conservées dans différentes bibliothèques de toute la Lettonie) ; et le Centre pour la recherche scientifique de l’Académie lettone de culture (documentation de ses projets de recherche).
À ce jour, aucun inventaire n’a été dressé en Lettonie bien que la nouvelle Loi sur le patrimoine culturel immatériel en prévoie un. Des initiatives ont toutefois été prises depuis 2006. Parmi celles-ci, on citera une Carte numérique de la culture utilisée pour identifier et promouvoir le patrimoine culturel immatériel des régions et des communautés (p. ex. en créant différents registres et bases de données des valeurs régionales et locales avec, pour certaines communautés, des sites Internet communautaires participatifs). La dernière version du projet de loi, datant de décembre 2011, établit un compromis en définissant les grandes lignes de l’établissement de trois listes du patrimoine culturel immatériel : (1) un inventaire du patrimoine culturel immatériel ; (2) une liste de l’économie traditionnelle ; et (3) une liste du patrimoine culinaire. Le CEAPI sera le principal organe en charge de superviser l’administration et la mise à jour constante de l’inventaire du patrimoine culturel immatériel. À la demande des producteurs nationaux indépendants et des micro-entrepreneurs et afin d’établir un équilibre entre les différents intérêts liés au patrimoine culturel immatériel, l’inventaire intégrera les valeurs du patrimoine culturel immatériel conformes à la Convention, ainsi qu’un système de certification des produits traditionnels.
Les principaux critères proposés sont : (1) l’élément du patrimoine culturel immatériel est reconnu par un individu, un groupe ou une communauté ; (2) l’élément du patrimoine culturel immatériel possède une valeur culturelle, historique, artistique, sociale, linguistique et scientifique ; (3) l’élément du patrimoine culturel immatériel se fonde sur la tradition et est transmis de génération en génération ; et (4) il existe des détenteurs de la tradition qui connaissent l’élément du patrimoine culturel immatériel et peuvent assurer la sauvegarde de la (des) compétence(s) et des connaissances associées à l’élément et sa pérennité. La loi exige qu’une candidature à l’inventaire soit préparée et soumise avec la participation et le consentement des individus, groupes et communautés concernés. La loi n’évoque pas la viabilité de l’élément du patrimoine culturel immatériel, le format de l’inventaire, la régularité de sa mise à jour ou d’autres aspects. Il est prévu que ces éléments soient définis par un arrêté sur l’inventaire pris ultérieurement par le Cabinet des Ministères.
Différentes mesures destinées à assurer la reconnaissance, le respect et la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel ont été mises en œuvre, telles qu’un projet de grande envergure de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (2009-2011), intitulé « École des compétences traditionnelles ». Son objectif est de mettre en avant auprès du grand public différentes manifestations du patrimoine culturel immatériel et ses praticiens. Dans le but de promouvoir le patrimoine culturel immatériel dans son contexte, le Musée ethnographique en plein air de Lettonie présente des objets et des bâtiments de la vie traditionnelle dans le cadre d’une exposition en plein air à Riga, ainsi que dans deux musées in situ.
S’agissant de l’éducation, la Lettonie a fait preuve d’initiative en introduisant l’enseignement du patrimoine culturel immatériel dans les écoles ; une méthodologie bien adaptée est en cours d’élaboration sur la base des expériences recueillies. La Commission nationale pour l’UNESCO a choisi le patrimoine culturel immatériel comme l’un des thèmes proposés au réseau des écoles associées à l’UNESCO (résEAU). En conséquence, depuis 2008, les écoles de différentes régions travaillent à l’identification, la recherche, la documentation et la maîtrise des traditions présentes dans leur environnement. Le patrimoine culturel immatériel est également traité sous la forme d’activités extrascolaires non formelles telles que des répétitions de groupes folkloriques, des masterclasses et des camps pendant les vacances scolaires, des salons scientifiques destinés aux étudiants, des études de terrain, des événements thématiques, etc. Pour l’éducation des adultes, l’École de folklore du CEAPI dispense des cours consacrés à la musique traditionnelle, aux costumes folkloriques et à leur port traditionnel, à la mythologie, aux célébrations annuelles et fêtes familiales, au folklore, etc. L’École de danse du CEAPI a un programme de formation professionnelle continue pour les responsable de groupes de danse folklorique.
En ce qui concerne la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale, la Lettonie a signé des accords de partenariat avec l’Égypte (2005), la Bulgarie (2005), le Mexique (2005), la Turquie (2005), la Pologne (2006), la Moldavie (2006), le Pérou, (2007), le Brésil (2008), la République populaire de Chine (2010), les Flandres (2011), et la Communauté française de Belgique et le Gouvernement wallon (2011). Ces accords couvrent des questions relatives à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, notamment : l’échange d’informations, le partage de documentation, la participation à des événements éducatifs et culturels, la coopération scientifique et l’échange d’expériences entre des groupes culturels traditionnels, des artisans et des organisations non gouvernementales, etc. La coopération régionale est principalement fondée sur la tradition partagée des célébrations de chants et danses baltes. En général, la coopération internationale dans le domaine de la recherche est menée par divers instituts de recherche ainsi que par des chercheurs individuels. Récemment, une initiative de coopération internationale très active a rassemblé des chercheurs sur différents aspects du patrimoine culturel immatériel.
La Lettonie a un élément inscrit sur la Liste représentative : les célébrations de chants et danses baltes (incorporées en 2008, avec l’Estonie et la Lituanie, après avoir été proclamées chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2003). Celles-ci sont considérées comme la pierre angulaire de l’identité nationale lettone et, d’un point de vue historique, elles constituent une forme de protestation non violente qui encouragent la transmission des valeurs culturelles traditionnelles et assurent la pérennité des valeurs héritées. Un Programme pour la sauvegarde et le développement de la tradition des célébrations de chants et de danses baltes 2008-2013 a été adopté. Ses objectifs sont : améliorer les connaissances et compétences des jeunes ; éduquer et former les responsables des groupes artistiques ; assurer la continuité des célébrations ; promouvoir la documentation et la recherche et favoriser son accessibilité ; et développer la coopération internationale.
Durant la préparation du présent rapport, cinq débats régionaux ont été organisés. Ils ont rassemblé des responsables culturels locaux, des représentants des municipalités, des centres culturels et des organisations non gouvernementales ainsi que des membres actifs des communautés de chaque région de Lettonie. Une consultation nationale distincte a également été organisée avec les organisations non gouvernementales. Toutes ces consultations ont pris la forme d’un débat ouvert entre les acteurs régionaux sur les thèmes suivants : la pérennité de la tradition ; les principaux problèmes observés ; les évolutions majeures constatées ; et les principaux besoins, conclusions et propositions. Ces débats ont contribué à la préparation du rapport et ont servi de base à l’élaboration d’autres programmes et à l’organisation des prochaines célébrations.