Rapport périodique sur la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel

Les paragraphes 157 à 159 et 165 à 167 des présentes Directives opérationnelles s’appliquent dans leur intégralité à la Fédération de Russie qui est un État non partie à la Convention qui a sur son territoire des éléments proclamés Chefs-d’œuvre ayant été intégrés dans la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, et qui a consenti à accepter les droits et à assumer les obligations qui en découlent.

Ces rapports sont présentés au Comité au plus tard le 15 décembre 2014 et ensuite tous les six ans.


Rapport soumis le 15/12/2020 et examiné par le Comité en 2021

Résumé

bientôt disponible

Rapport soumis le 15/12/2014 et examiné par le Comité en 2015

Résumé

1. Ce rapport est soumis par la Fédération de Russie, un État non partie à la Convention de 2003. Il décrit l’état actuel des deux éléments inscrits en 2008 sur la Liste représentative, à savoir : l’espace culturel et la culture orale des Semeiskie (initialement proclamé Chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2001), et l’Olonkho, épopée héroïque iakoute (initialement proclamé Chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité en 2005).

L’espace culturel et la culture orale des Semeiskie (2008)

2. Les Semeiskie, appelés « Vieux croyants » sont un groupe confessionnel russe, composé de populations russes de la République de Bouriatie, dans la région Baïkal. Ils ont un fort sentiment d’identité communautaire qui est basé sur des caractéristiques culturelles communes, telles que la langue, des particularités religieuses, des éléments de la vie quotidienne, les vêtements, l’architecture, la poésie rituelle et des chants originaux.

3. La viabilité de l’élément est menacée par plusieurs facteurs et l’intervention de l’état est nécessaire afin de le soutenir et de le sauvegarder. Parmi les menaces, on citera : la disparition des locuteurs natifs ; la disparition des modes de vie traditionnels ; l’urbanisation et la mondialisation ; l’interruption des modes traditionnels de transmission ; le vieillissement des détenteurs ; et le remplacement des éléments d’architecture et des matériaux traditionnels des villages Semeiskie par des constructions modernes.

4. Parmi les efforts entrepris pour promouvoir et sauvegarder l’élément, on notera : un programme intitulé « Recherche, préservation et développement de la culture des Semeiskie (2001-2006) », mis en œuvre par le Gouvernement de la République de Bouriatie, le Centre de la République de Bouriatie en charge de l’étude des Semeiskie et un Comité présidentiel ; un festival international de folklore des groupes artistiques des Vieux croyants « Razdaysya Korogod » organisé tous les deux ans dans le cadre d’un programme fédéral ciblé « Culture de Russie » ; l’organisation en 2012, en marge du festival de folklore, d’une rencontre interrégionale des Vieux croyants avec une conférence ; un festival destiné aux enfants des groupes Semeiskie organisé par le Ministère de l’éducation et de la science de la République de Bouriatie ; et une série de publications réalisées avec le soutien de différentes sources de financement (budget de l’État, sponsors et financement privé). Le soutien à la culture Semeiskie fait partie de la politique culturelle de la République de Bouriatie, les activités de conservation et de développement de l’élément sont inscrites sur la liste des événements importants et financés par le budget de la République.

5. Plusieurs acteurs et parties prenantes sont impliqués dans les activités d’étude, de sauvegarde et de promotion de l’espace culturel et de la culture orale des Semeiskie, notamment : le Ministère de la culture de la Fédération de Russie, la Maison russe des arts populaires ; le Gouvernement de la République de Bouriatie ; le Centre de la République de Bouriatie ; le Ministère de la culture de la République de Bouriatie ; le Ministère de l’éducation et de la science de la République de Bouriatie ; les administrations municipales de six districts de la République de Bouriatie ; l’Académie nationale de la culture et des arts de l’est de la Sibérie ; l’Université d’état de la République de Bouriatie ; Le Centre scientifique bouriate ; le Musée ethnographique de la région Baïkal ; et les organisations publiques qui coopèrent avec les détenteurs dans la région Baïkal et outremer telles que le Centre culturel Tarbagatai des Semeiskie de la région Baïkal ou la Société culturelle des Semeiskie (organisation régionale).

L’Olonkho, épopée héroïque iakoute (2008)

6. L’épopée Olonkho est une expression du patrimoine culturel immatériel des peuples turco-mongols depuis des temps très anciens. Elle a une place très particulière dans la vie spirituelle du peuple iakoute en raison de l’absence de toute langue écrite. Le contenu des différents récits Olonkho est une forme de chronique orale populaire, gardien de la mémoire historique du peuple.

7. La viabilité de l’élément est menacée par des évolutions linguistiques et des facteurs socio-historiques tels que le développement de la langue écrite, de l’alphabétisation, de la radio et de la télévision, la publication de livres ainsi que d’autres évolutions socioculturelles. En outre, des mesures répressives prises à l’encontre du patrimoine folklorique et épique ont presque interrompu la tradition de l’épopée. Les médias accordent peu d’attention à l’élément et les jeunes urbains intéressés par l’élément risquent de perdre le lien avec les écoles qui enseignent l’épopée. Toutefois, la narration épique connaît de nos jours une renaissance au sein de nombreux groupes d’âge.

8. Des évolutions dans l’environnement linguistique et le renforcement du bilinguisme rendent plus ardue la préservation de l’élément sous sa forme traditionnelle, aussi des formes non traditionnelles telles que l’animation, les jeux, entre autres, vidéo, les poupées, la danse, l’opéra ou le théâtre, ayant recours à de nouvelles technologies, sont utilisées pour interpréter l’épopée. Bien que les communautés concernées luttent avec acharnement pour préserver les représentations sous leur forme traditionnelle, elles réagissent de manière positive aux innovations tant qu’elles ne sont pas en contradiction avec l’esprit de l’œuvre épique.

9. Les mesures d’éducation, tant formelle que non formelle, à des fins de transmission sont encouragées, et dans huit régions où la tradition épique est forte, des écoles qui enseignent aux enfants l’art du récit épique ont été ouvertes. En outre, le Ministère de l’éducation de la République a créé 11 écoles dans lesquelles la pédagogie se fonde sur l’Olonkho, et il organise tous les ans des camps de vacances pour les enfants au cours desquels ils interprètent l’élément. Ces deux mesures ont grandement contribué à accroitre le nombre d’interprètes et à faire évoluer la structure du groupe tant en termes d’âge que de genre. Les maîtres-conteurs (souvent des femmes) perpétuent également leur enseignement à titre individuel dans leurs propres écoles : les conteuses sont plus nombreuses parmi les enfants alors que l’équilibre des genres est respecté parmi les jeunes. En revanche, dans les générations plus âgées, les conteurs hommes sont plus nombreux que les femmes.

10. L’inscription a incité les populations à en savoir plus sur l’Olonkho et à l’étudier activement. En outre, le respect, autrefois observé envers les interprètes du récit épique, est de nouveau présent et des livres sont publiés. L’intérêt accru est également soutenu par des activités de promotion, notamment l’organisation de concours et de festivals annuels destinés à tous les groupes d’âge. Par ailleurs, tous les ans, le 25 novembre, on continue de célébrer « la journée de l’Olonkho » dans la République de Sakha (Iakoutie), et la décennie 2016-2025 a été déclarée « Deuxième décennie de l’Olonkho » en Iakoutie, en vertu du « Programme national ciblé » (cf. ci-dessous).

11. Plusieurs actions de sauvegarde ont été mises en œuvre : lancement du « Programme national ciblé de préservation, d’étude et de promotion de l’épopée héroïque iakoute (2007-2015) »; adoption d’une législation destinée à protéger et à préserver le patrimoine épique des populations autochtones de la République de Sakha (Iakoutie) ; organisation de dix missions destinées à identifier le patrimoine oral des régions de Iakoutie, et de missions interrégionales (avec huit régions russes) destinées à entreprendre des recherches conjointes sur le patrimoine épique turco-mongol ; création du Théâtre Olonkho afin que des représentations, tant traditionnelles qu’innovatrices, de l’épopée soient données ; création d’un portail d’information et de sites web.

12. La participation de la communauté à la sauvegarde est élevée et se concrétise, entre autres, par la construction de maisons de l’Olonkho, la création de petits groupes d’interprétation orale, l’organisation d’expositions consacrées à l’art populaire et aux thématiques de l’Olonkho, la publication de textes épiques locaux, etc.

13. Le cadre institutionnel pour la sauvegarde implique plusieurs acteurs, tant étatiques que non-étatiques : le Comité national d’organisation de la décennie de l’Olonkho ; le Ministère iakoute de la culture et du développement spirituel ; l’Association de l’Olonkho – une organisation de la République de Iakoutie qui permet, grâce à ses antennes locales dans les municipalités, la participation du public à la sauvegarde et à la promotion de l’élément - ; l’Institut en charge de la recherche et des questions humanitaires relatives aux peuples autochtones du nord ; l’Institut de recherche sur l’Olonkho de l’Université fédérale du nord-est ; l’Institut de recherche des écoles nationales ; et le centre de l’Olonkho de la République de Iakoutie.

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