La Bosnie-Herzégovine, qui est devenue un État partie à la Convention de 2003 en 2009, est constituée de deux entités politiques, à savoir la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine (FBH) qui compte 10 cantons et la République serbe de Bosnie (RSB). Cette dernière est pleinement compétente en matière de patrimoine culturel tandis que les dix cantons de la FBH exercent leur compétence en matière de patrimoine culturel en vertu de leur loi constitutionnelle. La législation de la FBH dans le domaine du patrimoine culturel et naturel, en particulier le projet de Loi sur la protection et l’utilisation du patrimoine culturel, historique et naturel, est en cours de mise en conformité avec la Convention de 2003 tandis que la législation sur le patrimoine culturel de deux des six cantons qui ont adopté une telle législation se conforme également à la Convention. En RSB, l’organe ayant une compétence générale en matière de patrimoine culturel immatériel est le Ministère de l’éducation et de la culture qui, en 2011, a établi une Commission pour le patrimoine culturel immatériel ; le Musée de la RSB a également créé un Département du patrimoine culturel immatériel. En FBH, le Département de recherche scientifique de l’Institut de protection des monuments est engagé dans des travaux de recherche, d’identification et de documentation et les Ministères cantonaux de l’éducation, de la science, de la culture et des sports sont compétents en matière de patrimoine dans leurs propres cantons. De facto, les organes qui mettent en œuvre des actions de sauvegarde sur le terrain sont les musées et autres institutions culturelles créées par les municipalités, les conseils municipaux et les organisations non gouvernementales. En outre, la branche de Bosnie-Herzégovine du Conseil International des Organisations de Festivals de Folklore et d’arts traditionnels (CIOFF) joue un rôle important dans la promotion du patrimoine culturel immatériel dans le pays.
Bien qu’aucun organe ne soit dédié à la formation à la gestion du patrimoine culturel immatériel, le Ministère des affaires civiles et la Commission nationale de Bosnie-Herzégovine pour l’UNESCO ont organisé, avec le soutien de l’antenne de l’UNESCO à Sarajevo, un atelier de formation sur les différents aspects de la sauvegarde, destiné aux représentants du gouvernement, aux ONG et aux institutions publiques. En RSB, la documentation est recueillie et conservée par le Département du patrimoine culturel immatériel du Musée et les données sont en libre accès pour le grand public. En FBH, le Ministère fédéral de la culture et des sports conserve et met à jour le registre du patrimoine culturel immatériel tandis que des institutions en charge de la documentation opèrent au niveau cantonal (par l’intermédiaire des musées, de l’Académie de musique de Sarajevo et d’un ministère cantonal). Par ailleurs, la Société pour la numérisation de la culture traditionnelle œuvre afin de rendre disponibles sous forme numérique les dossiers et documents concernés.
L’inventaire est également une activité conduite séparément au niveau de chaque entité politique, la RSB et la FBH. Dans le premier cas, le Département du patrimoine culturel immatériel du Musée a établi une Liste préliminaire du patrimoine culturel immatériel de la République serbe de Bosnie qui est organisée par communautés et par groupes sur le territoire couvert par la RSB. Ses principaux critères sont la viabilité de l’élément et la continuité intergénérationnelle de la pratique, même si le nombre de détenteurs est plus faible qu’auparavant. La Liste préliminaire peut être consultée par le grand public et une version synthétique est également consultable sur les sites web officiels. Les éléments soumis à l’inscription sont proposés par les membres des communautés qui complètent des formulaires d’inventaire avec l’aide d’experts des musées qui transmettent ces documents au Département du patrimoine culturel immatériel ; un grand nombre d’organisations non gouvernementales étant associées aux éléments à inscrire, elles participent également à la procédure d’inventaire. En FBH, le Ministère fédéral administre la Liste préliminaire du patrimoine culturel immatériel de la fédération qui a recours à des critères d’inscription basés sur la Convention de 2003, comme en atteste le questionnaire d’inventaire que doivent remplir ceux qui souhaitent proposer un élément à l’inscription. L’inventaire est perpétuellement mis à jour, en coordination avec les autorités cantonales compétentes et sur la base des initiatives des organisations non gouvernementales. L’inventaire peut être consulté sur le site web du Ministère fédéral. Le rapport fait état d’une participation active des communautés culturelles des éléments inscrits à leur identification, leur définition et leur documentation. Deux cantons ont également lancé des initiatives en faveur d’un inventaire au niveau local.
Les informations sur les autres mesures de sauvegarde concernent essentiellement la RSB. Des réglementations y ont été adoptées en 2014 pour tenir à jour un Registre du patrimoine culturel immatériel de la République. S’agissant de la recherche, le Ministère de l’énergie et le Ministère de l’éducation et de la culture ont financé conjointement un projet sur « les artisanats anciens de la République serbe de Bosnie » (2007-2011) et sa publication, dans le cadre duquel les compétences, les savoirs et la maîtrise de 13 artisanats ont été enregistrés. En ce qui concerne les actions de promotion en République serbe de Bosnie, des timbres-poste évoquant le patrimoine culturel immatériel ont été émis entre 2013 et 2015, des événements traditionnels sont organisés dans les lieux d’origine des éléments et toutes les communautés locales font la promotion de leurs éléments dans les médias électroniques et imprimés. Un festival de folklore, affilié au CIOFF, se déroule chaque année en RSB. En FBH, le Ministère fédéral soutient deux festivals certifiés par le CIOFF et a inclus le patrimoine culturel immatériel au programme et aux conférences des Journées européennes du patrimoine, avec des tables rondes, des expositions, etc. qui sont organisées afin de promouvoir ce patrimoine. Sur tout le territoire de la Bosnie-Herzégovine, l’Association des clubs culturels amateurs croates en Bosnie-Herzégovine (UHAKUD) co-organise un certain nombre d’événements culturels et a mis en place un système destiné à sauvegarder, réévaluer et transmettre des éléments ainsi qu’à les cartographier et à organiser des actions d’éducation informelle. Cette association organise aussi des ateliers, des séminaires, des parades folkloriques, des foires artisanales, etc.
Parmi les programmes éducatifs mis en œuvre en RSB, on citera les clubs scolaires consacrés à la broderie de Zmijanje ouverts dans les écoles élémentaires afin de transmettre cet élément et une association humanitaire/culturelle qui a créé deux Écoles de broderie de Zmijanje pour les femmes des communautés locales. Cette approche informelle de la transmission au sein de la communauté est reconnue par les deux communautés et les autorités d’état. La création de centres régionaux du patrimoine culturel immatériel dans quatre musées est prévue. En FBH, les étudiants de l’Académie des beaux-arts de Sarajevo ont été formés par la communauté locale des sculpteurs sur bois de Konjic tandis qu’au collège de Konjic, l’éducation et la formation à la sculpture sur bois ont été incluses au programme scolaire à partir de l’année scolaire 2015-2016. Au niveau cantonal, la transmission des savoirs et des compétences aux jeunes et aux autres personnes intéressées se fait dans le cadre de programmes éducatifs proposés dans les écoles et les centres communautaires ou est organisée par des associations culturelles de détenteurs. Dans le canton de l’Herzégovine de l’ouest, une des mesures de la Stratégie de développement (2014-2020) concerne la gestion du patrimoine culturel, naturel et immatériel et prévoit l’éducation du grand public à ce patrimoine, la formation à sa sauvegarde, et sa promotion, entre autres, dans les médias.
S’agissant de coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale, le Ministère des affaires civiles de Bosnie-Herzégovine a organisé une visite en République de Croatie afin de tirer les leçons de la réalisation d’inventaires et d’autres meilleures pratiques de sauvegarde. Par ailleurs, les représentants du Ministère participent régulièrement à des réunions du Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Europe du Sud-Est (un centre de catégorie 2 basé à Sofia). Entre 2006 et 2011, le Ministère de l’éducation et de la culture et l’Institut en charge de la protection du patrimoine culturel, historique et naturel de la République serbe de Bosnie ont accueilli six conférences régionales sur la protection intégrative qui proposaient des présentations sur la sauvegarde et la documentation du patrimoine culturel immatériel. En ce qui concerne le travail en réseaux, la coopération est continue avec les ministères, les musées et autres institutions publiques dans la région afin de partager expériences et expertise. En outre, l’UHAKUD en Bosnie-Herzégovine a organisé en 2010, avec l’aide du Ministère fédéral du tourisme et de l’environnement, un congrès international des folkloristes destiné à partager, entre experts de la région, les connaissances et meilleures pratiques en matière de patrimoine culturel immatériel et à développer des programmes communs pour la mise en œuvre de la Convention de 2003.
Lors de la rédaction du rapport, la Bosnie-Herzégovine n’avait qu’un élément inscrit sur la Liste représentative, La broderie de Zmijanje, inscrit en 2014. Les détenteurs de cet élément sont des femmes qui, à titre individuel ou dans le cadre d’associations de jeunes ou de femmes, pratiquent et sauvegardent l’élément. Outre les modes de transmission de mères à filles, on peut observer une éducation formelle et une formation non formelle des jeunes filles au sein de clubs. Depuis l’inscription de l’élément, les communautés locales ont accru la portée de leurs actions de sauvegarde et de nouvelles communautés locales y participent, le Musée de la RSB joue un rôle important dans ces activités (p. ex. organisation d’expositions et autres actions de promotion) et des contacts réguliers sont établis, par l’intermédiaire du musée, entre le Ministère de l’éducation et de la culture et les détenteurs qui font rapport aux représentants du ministère de l’état de l’élément, des problèmes qu’ils rencontrent et des actions qu’ils mettent en œuvre.