L’organe national en charge de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel est le Ministère de la culture qui est également responsable de l’élaboration de la politique culturelle publique et des documents budgétaires afférents. Il œuvre en collaboration avec le Ministère de l’éducation et des sciences qui conçoit des normes pour les programmes d’éducation formelle sur le patrimoine culturel immatériel qu’il intègre au sein de la politique éducative nationale et des documents budgétaires correspondants. Sont également impliqués dans la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (pour différentes activités), l’Institut d’archéologie et d’ethnologie, l’Institut des arts de l’Académie nationale des sciences, le Conservatoire d’État d’Erevan, le Musée d’histoire de l’Arménie, le Musée national d’ethnographie et de la lutte de libération nationale et le Centre d’art populaire Hohvannes Sharambayan. Un département en charge des minorités nationales et des questions religieuses, opérant sous l’autorité du Ministère de la culture, envisage de garantir dans son budget annuel des fonds destinés à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel des minorités nationales et à la participation de ces dernières à des actions culturelles. Une « Procédure d’identification, de documentation, de protection et d’information du patrimoine culturel immatériel » a été approuvée par la décision No 1173-N du Gouvernement de la République d’Arménie le 3 septembre 2011.
Plusieurs établissements d’enseignement supérieur dispensent une formation à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et entreprennent des activités de recherche et de documentation. Parmi ces établissements, on citera l’Université d’État d’Erevan (avec la chaire UNESCO d’histoire de la culture arménienne), l’Université pédagogique d’État, le Conservatoire d’État d’Erevan et l’Académie d’État des beaux arts d’Erevan. À titre d’exemple, on citera le Conservatoire qui mène des travaux de recherche scientifique dans le domaine de la musique, gère une base de données bibliographique et conserve des archives.
Le travail d’inventaire a été engagé par le Ministère de la culture en 2008 avec l’établissement d’un groupe de travail composé de représentants des principales institutions universitaires et de l’organisation non gouvernementale « Calendrier : Renouveau des fêtes traditionnelles ». Le groupe a réalisé un manuel de méthodologie sur la classification du patrimoine culturel immatériel, et les critères de cette classification, qui a été largement diffusé. Un Conseil national du patrimoine culturel immatériel a été créé en 2009 et, à partir de 2010, le gouvernement a adopté plusieurs décisions visant à établir les listes nationales et orienter le travail d’inventaire.
Par la décision No 310-A du 11 mars 2010, le Gouvernement a approuvé « Les critères de préparation des listes des valeurs culturelles immatérielles de la République d’Arménie et la liste des valeurs du patrimoine culturel immatériel ». Vint ensuite la décision No 36-N du 20 janvier 2011 par laquelle le Gouvernement a approuvé « Les critères de préparation des listes du patrimoine culturel immatériel nécessitant une protection immédiate et la liste des valeurs du patrimoine culturel immatériel basée sur ces critères ». Ces décisions furent complétées par la décision No 241-N du 1er mars 2012 concernant « Les critères de reconnaissance des zones culturelles de la République d’Arménie et la liste des zones culturelles ». La liste des éléments du patrimoine culturel immatériel viable est composée de 19 éléments et celle du patrimoine culturel immatériel nécessitant une protection immédiate de 7 éléments.
Les listes d’inventaire sont mises à jour tous les deux ans conformément à la « Procédure d’identification, de documentation, de protection et d’information du patrimoine culturel immatériel » approuvée par la décision gouvernementale No 1173-N du 3 septembre 2011. Le travail de mise à jour est réalisé grâce à des visites de terrain menées sur tout le territoire national par des groupes de spécialistes pertinents (ethnographes, archéologues, spécialistes du folklore, photographes, etc.).
Les organes des gouvernements autonomes locaux, les institutions scientifiques, les organisations culturelles et religieuses et les détenteurs du patrimoine culturel immatériel peuvent également suggérer l’inclusion de nouveaux éléments sur les listes ou le retrait d’un élément inscrit sur les listes en soumettant une proposition à l’organe national. Les décisions finales relatives aux mises à jour sont prises par le Comité du Ministère de la culture.
Le patrimoine culturel immatériel joue un rôle important dans l’éducation à tous les niveaux. En 2006, le gouvernement a approuvé des réformes concernant l’enseignement professionnel de niveaux élémentaire et intermédiaire, en instituant une nouvelle liste des métiers de la formation professionnelle et en dispensant des cours de formation aux professeurs et maîtres de l’enseignement pratique. Entre 2006 et 2012, des programmes éducatifs sur l’artisanat ont été mis en œuvre dans 44 institutions éducatives d’état, 28 dans l’enseignement primaire et 16 dans le secondaire. En 2007, un décret gouvernemental a attribué des fonds à l’enseignement de l’instrument national dans les écoles de musique et, en 2011, 144 écoles proposaient ce programme. Dans l’enseignement supérieur, la discipline « Préservation du patrimoine culturel immatériel d’Arménie » a été introduite en 2010 dans le Programme d’études sur la gestion des musées et des monuments de l’Université pédagogique d’État.
Des programmes éducatifs consacrés à l’artisanat ont également été mis en place pour des groupes sociaux vulnérables, en particulier, les personnes handicapées. Par exemple, des « Centres d’art et d’artisanat pour les personnes handicapées » ont été ouverts à Erevan et Gumri en 2007 avec le soutien du PNUD, d’une société privée et de l’Union Pyunik d’Arménie pour les personnes handicapées. Ces centres dispensent une formation dans les domaines de la poterie, de la broderie et de la sculpture sur bois et sur pierre, les travaux réalisés sont vendus lors de différents événements caritatifs et dans des magasins de souvenir afin de fournir de nouvelles sources de revenus aux personnes handicapées. Le Centre d’éducation spécialisée pour les enfants intervient dans les pensionnats et les foyers pour enfants d’Erevan, il enseigne les connaissances et savoir-faire associés aux chants et danses populaires, aux arts appliqués et décoratifs, au tissage de tapis et à l’interprétation d’instruments de musique. Il est prévu d’ouvrir de nouvelles sections dans d’autres régions du pays. L’éducation non formelle a également été introduite afin de renforcer les modes de transmission avec 21 programmes proposés par le Ministère de la culture en 2008-2012, auxquels participent des détenteurs, des organisations non gouvernementales et des organisations culturelles d’état. L’un de ces programmes est l’ « École du patrimoine », créé par le « Calendrier des fêtes : renouveau des fêtes traditionnelles », une organisation non gouvernementale présente dans les communautés d’Ashtarak et d’Oshakan. Cette école travaille de façon indépendante, les directives sont données par des ethnographes, des spécialistes de la danse, des musicologues locaux ainsi que par des détenteurs de différents domaines du patrimoine culturel immatériel. Environ 100 enfants ont déjà bénéficié de ces enseignements.
En 2012, le gouvernement a approuvé les « Normes pour la reconnaissance des zones culturelles dans la République d’Arménie et la liste des zones culturelles » et, à ce jour, deux lieux ont été inscrits sur la liste : la ville de Gyumi en tant que zone d’artisanat traditionnel et le village d’Areni qui a été déclaré « zone de culture et de production viticoles traditionnelles ».
S’agissant de la coopération bilatérale, sous-régionale, régionale et internationale, l’Arménie participe à des conférences conjointes, des représentations internationales ou régionales, des festivals et des expositions d’artisanat. Trois conférences internationales sur le patrimoine culturel immatériel ont été organisées par l’Institut d’archéologie et d’ethnologie en 2007-2009. L’Arménie est également membre du Centre de catégorie 2 de Sofia, Bulgarie, pour le patrimoine culturel immatériel en Europe du Sud-Est.
L’Arménie fait ici rapport sur deux éléments inscrits sur la Liste représentative : Le Duduk et sa musique (2008) ; et L’art des croix de pierre arméniennes. Symbolisme et savoir-faire des Khachkars (2010). En 2006, l’Arménie a reçu une aide du Fonds en dépôt UNESCO/Japon pour le patrimoine culturel immatériel pour le projet « Sauvegarde de la musique arménienne pour duduk » (2006-2009). En conséquence, l’organisation non gouvernementale Sauvegarde de la musique populaire arménienne a dispensé des cours de formation aux facteurs et interprètes de duduk, organisé des concours et réalisé un manuel du duduk (qui contient des partitions et des DVD). En 2012, le Festival panarménien du duduk a réuni plus de 3 000 participants originaires d’Arménie et de la diaspora arménienne. Le duduk est désormais enseigné dans la plupart des écoles de musique et d’art (gratuitement dans les écoles d’art depuis 2007) et au Conservatoire. En 2011, une école de musique spécialisée dans l’enseignement du duduk a été créée, elle propose des cursus de cinq et huit ans, et en 2013, un atelier/laboratoire spécialisé dans la fabrication du duduk a également été créé. Il est le fruit de la collaboration entre les détenteurs et l’état.
En 2011-2012, quatre-vingts croix de pierre ont été érigées dans tout le pays grâce à une collaboration entre l’état et les gouvernements locaux, des sculpteurs de croix et des clients privés. L’ouverture d’un atelier-école de fabrication de croix, financé par des fonds publics, est prévue pour 2013. Parmi les autres activités de promotion de l’élément, on citera : la publication d’un livre illustré et d’un manuel scolaire sur l’art des croix de pierre, l’émission en 2011 de six pièces commémoratives représentant des croix de pierre et la production d’un documentaire par un réalisateur américano-arménien. Des organisations non gouvernementales (en ce qui concerne le duduk) et des sculpteurs de croix (en ce qui concerne les Khachkars) ont pris part à la préparation du rapport.