Le Comité
- Prend note que la Turquie a proposé la candidature de l’ebru, l’art turc du papier marbré (n 00644) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
L’ebru est l’art traditionnel turc qui consiste à créer des motifs colorés en appliquant des pigments de couleur au goutte-à-goutte ou au pinceau sur de l’eau à laquelle on a ajouté des substances grasses dans un récipient, puis à transférer ce motif sur du papier. Les dessins et les effets employés dans l’art du papier marbré sont, entre autres, des fleurs, des feuillages, des motifs ornementaux, des entrelacs, des mosquées et des lunes ; ils sont utilisés pour la décoration dans l’art traditionnel de la reliure. Les praticiens utilisent des méthodes naturelles pour extraire les teintures des pigments naturels, qui sont ensuite mélangées à quelques gouttes de bile de bœuf, un type d’acide naturel, avant d’être déposées au goutte-à-goutte ou au pinceau sur une préparation de liquide épaissi, où elles flottent en formant des motifs bigarrés. Les artistes, les apprentis et les praticiens de l’ebru considèrent leur art comme faisant partie intégrante de leur culture traditionnelle, de leur identité et de leur mode de vie. Leurs connaissances et leurs savoir-faire, tout comme la philosophie de cet art, sont transmis oralement et par la pratique dans le cadre de relations maîtres-apprentis. Il faut au moins deux ans pour acquérir le savoir-faire élémentaire de l’ebru. Cette tradition se pratique sans distinction d’âge, de sexe ou d’origine ethnique, et joue un rôle important dans l’autonomisation des femmes et l’amélioration des relations dans la communauté. L’art collectif de l’ebru encourage le dialogue à travers des échanges amicaux, renforce les liens sociaux et consolide les relations entre les individus et les communautés.
- Décide que, d’après l’information contenue dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative suivants comme suit :
R.1 : Les motifs et les dessins de l’ebru sont transmis des maîtres aux élèves, favorisant la participation des femmes et des jeunes à la vie culturelle et renforçant ainsi la prise de conscience sur l’identité et le patrimoine culturel ;
R.2 : L’inscription de l’élément sur la Liste représentative peut encourager le renouveau de son langage artistique et le développement d’un réseau de communautés créatives ; elle peut également favoriser l’échange d’expériences autour de l’art du papier marbré, contribuant ainsi au dialogue entre différentes communautés et différents artistes ;
R.3 : Tant l’État partie que les communautés concernées, s’attachent à sauvegarder l’art turc du papier marbré par une série de mesures qui vont de la création d’un centre de recherche et d’apprentissage à un projet d’enseignement pour les enfants, de la mise à disposition de la documentation à sa promotion par le biais de symposiums et d’activités muséologiques ;
R.4 : Le processus de candidature a été guidé par l’intérêt et la demande de la communauté des praticiens qui a exprimé, lors de différents groupes de travail, son consentement libre, préalable et éclairé à la candidature ;
R.5 : L’élément a été inclus en 2010 dans l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel de Turquie établi sous l’autorité du Ministère de la culture et du tourisme et mis à jour en 2013.
- Inscrit l’ebru, l’art turc du papier marbré sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.