Le Comité
- Prend note que la France, la Belgique, le Luxembourg et l’Italie ont proposé la candidature de l’art musical des sonneurs de trompe, une technique instrumentale liée au chant, à la maîtrise du souffle, au vibrato, à la résonance des lieux et à la convivialité (n 01581) pour inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité :
L’art musical des sonneurs de trompe, une technique instrumentale liée au chant, à la maîtrise du souffle, au vibrato, à la résonance des lieux et à la convivialité rassemble les techniques et compétences qu’un sonneur mobilise pour jouer de la trompe. La justesse et la qualité des notes produites sont influencées par le souffle du musicien et la technique instrumentale est fondée sur la maîtrise corporelle du sonneur. Le timbre de l’instrument est clair et perçant, surtout dans les aigus et la gamme sonore de l’instrument est fondée sur la résonance naturelle aux riches harmoniques. De douze notes, sa tessiture autorise une composition avec une mélodie de chant, accompagnée d’une seconde voix et harmonisée avec une partition de basse. Partie intégrante de l’art de la trompe, le chant permet au musicien de développer la cohésion et la convivialité. La sonnerie de trompe est un art performatif, ouvert à la créativité musicale et pratiqué lors des moments festifs. Rassemblés par leur fascination commune pour cette musique instrumentale, les sonneurs proviennent de tous les milieux socio-culturels. Cette très grande mixité sociale est l’un des marqueurs de la pratique actuelle de la trompe. L’éducation à la pratique est traditionnellement orale et imitative. Toutefois, les sonneurs apprennent rarement seuls : la pratique musicale s’acquiert souvent dans le cadre des « écoles de trompe ». La musique de trompe maintient un vaste répertoire musical vivant et dynamique qui n’a jamais cessé de s’enrichir depuis le dix-septième siècle. Le sentiment d’appartenance et de continuité procède de l’interprétation d’un répertoire commun, en partie hérité de l’histoire et qui favorise le dialogue interculturel et international.
- Estime que, d’après les informations contenues dans le dossier, la candidature satisfait aux critères d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme suit :
R.1 : Le dossier de candidature souligne les caractéristiques des communautés détentrices et des rôles des différents membres de la communauté et indique clairement l’inclusion des femmes et des jeunes. L’élément se transmet par l’oralité et l’imitation ainsi que lors de cours au sein des « écoles de trompe », et les savoirs associés se transmettent des musiciens expérimentés aux élèves. Les membres de la communauté sont rassemblés par leur fascination commune pour cette musique instrumentale qui se pratique sans critère d’admission particulier tant sur le plan linguistique, philosophique que financier. Les fonctions sociales et les significations culturelles de l’élément sont valorisées par les détenteurs de tous milieux socio-professionnels.
R.2 : La candidature déclare que l’inscription de l’élément amènera les citoyens à prendre conscience de la fragilité du patrimoine immatériel, à une échelle tout à fait significative, en raison des changements de législation, d’effets de mode et d’évolution sociétale. Elle indique également que, au niveau international, la reconnaissance de l’art musical des sonneurs de trompe contribuerait à attirer l’attention sur des pratiques musicales fondées sur une variété d’instruments, pouvant partager des principes communs : une fabrication simple, une facilité d’accès, une transmission fondée essentiellement sur l’oralité, et un répertoire créatif, ouvert aux compositions nouvelles.
R.3 : La viabilité de l’élément a été assurée par les fédérations et associations de trompes ainsi que par les États parties concernés qui ont soutenu les groupes de trompes par le biais de contributions budgétaires ou de mesures administratives et juridiques. Les quatre États parties ont proposé cinq mesures de sauvegarde : 1) transmettre la pratique auprès de nouveaux sonneurs ; 2) renforcer la recherche et le traitement documentaire pour enrichir le répertoire et les savoirs sur la pratique musicale ; 3) promouvoir et valoriser, à travers la trompe, les enjeux du patrimoine culturel immatériel ; 4) élargir à d’autres territoires les actions de revitalisation ; et 5) confier le suivi des mesures de sauvegarde de la trompe à une structure dédiée. Dans chacun des États soumissionnaires, les praticiens concernés ont été impliqués dans le processus de sauvegarde depuis la première étape qui consistait à identifier et recenser les pratiques des sonneurs.
R.4 : Le processus de candidature s’est appuyé sur la participation de la plupart des fédérations et associations pertinentes au sein des États parties concernés, et particulièrement sur celle de la Fédération Internationale des Trompes de France. Ce fut un long processus, impliquant de nombreuses activités et opportunités de participation. Le dossier contient également un grand nombre de lettres de consentement qui attestent de l’importance de la candidature.
R.5 : Entre 2014 et 2019, l’élément a été inclus dans l’inventaire national de chacun des États parties par les agences nationales responsables et un numéro de référence unique a été attribué à chaque élément de l’inventaire. Les inventaires et la collecte de documents concernant les aspects culturels relatifs à l’art musical des sonneurs de trompes sont entrepris avec la participation active des communautés, groupes et organisations non gouvernementales concernés. Dans les quatre États, on retrouve des mécanismes supervisés par les organes compétents visant à mettre à jour de façon régulière les inventaires.
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Décide d’inscrire l’art musical des sonneurs de trompe, une technique instrumentale liée au chant, à la maîtrise du souffle, au vibrato, à la résonance des lieux et à la convivialité sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.